En 2016, pour la 31ème fois de son histoire, le Tour de France fera escale en Suisse. Ce n’est pas qu’une simple déviation : le 20 juillet, une étape vallonnée emmènera les coureurs à travers l’arrière-pays neuchâtelois pour une arrivée à Berne, où ils se reposeront aussi le lendemain. Ensuite, cap sur les Alpes valaisannes le 22 juillet, avec pour juges de paix le Col de la Forclaz et les pentes raides de Finhaut-Emosson. Au total, 286 kilomètres seront parcourus en trois jours sur le sol suisse.

C’est un joli coup de projecteur pour les cantons concernés, non seulement sur le plan sportif, mais aussi économique. Le Tour reste un des évènements sportifs les plus populaires au monde, avec entre 10 et 12 millions de spectateurs amassés le long des routes l’an passé. Les pays voisinant la France rivalisent pour l’attirer, avec raison : l’afflux des foules et les effets secondaires sur le marché du vélo se traduisent par des gains économiques importants. Après le passage du Tour en Angleterre en 2014, également pendant trois jours, les organisateurs locaux ont estimé l’aubaine pour la région à £128 millions (CHF 162 millions).
Pour ceux qui ont persévéré afin d'attirer la course à Finhaut, l’espoir est surtout de créer un effet similaire pour ce “site absolument grandiose”, comme l’avait qualifié le Directeur du Tour, Christian Prudhomme. Après un travail de 9 ans et un investissement de CHF 2 millions, les organisateurs de la commune misent non seulement sur l’impact direct sur les spectateurs, mais aussi sur le cyclotourisme à l’avenir. Le panorama valaisan, le revêtement des routes et la montée à 1 960 mètres seront vues par des millions de personnes à la télévision. Les amateurs de vélo, souvent issus de milieux aisés, sont une cible. Le seul imprévu pourrait être le temps, mais même là-dessus les organisateurs sont optimistes: “Il va faire beau”, disent en souriant Cédric Revaz et Alain Gay-des-Combes dans une interview accordée à la Tribune de Genève.
Quant au cyclisme suisse, lui aussi a besoin d'être renfloué. Les deux équipes helvétiques au premier rang du sport, IAM Cycling et BMC, ont toutes deux annoncé leur intention de se retirer du peloton d’ici fin 2017. Avec en plus la retraite annoncée de la vedette bernoise Fabian Cancellara à la fin de cette saison, le vélo suisse risque de patauger. Mais une organisation réussie dans deux semaines et (qui sait?) de belles prestations sur le sol natal réalisées par les coureurs suisses pourraient attirer de nouveaux sponsors et investisseurs vers un sport qui en a besoin.
Après tout, et malgré les soucis de réputation tels que les scandales de dopage, le cyclisme reste un business comme un autre. Si le peloton qui file sur nos écrans compte 198 coureurs affûtés, la caravane promotionnelle qui le précède est composée de 4 500 personnes voulant profiter de la razzia publicitaire. Pour la Suisse, les efforts fournis pour décrocher le Tour ont été considérables, tout comme le niveau d’organisation nécessaire. Mais, si tout se passe comme prévu, les 286 kilomètres permettront de gagner la course.
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