
Dans un marché saturé, où l’innovation se fait rare, Rodrigo Cortez, de SM Marketing Geneva, crée des concepts, des idées et des solutions d’un point de vue marketing. Il nous présente son nouveau projet : une montre rétro-futuriste, ainsi que sa vision du marché, toujours sous l’angle du marketing.
Actuellement, Rodrigo Cortez, spécialiste en marketing, crée le concept d’une montre rétro-futuriste. Selon lui : « C’est le passé et le futur réunis dans le présent. Les trois époques sur le poignet ! », explique-t-il avec enthousiasme.
On ne sait pas si la montre est sortie il y a 30 ans ou si elle vient tout juste d’arriver du futur. Les fonctionnalités sont revisitées avec des technologies modernes, dans un design rétro-futuriste. « C’est vintage et avant-gardiste », explique-t-il.
Son projet propose bien plus qu’un nouvel objet de luxe : « c’est une idée entre les époques, les cultures et les désirs. Il peut susciter l’intérêt du jeune public, plus connecté à l’innovation, mais aussi sensible au style et au nouveau luxe. »
Il est actuellement en phase de conception de trois versions, en trois couleurs différentes, avec boîte et socle, pour breveter le tout et passer au prototype, avec des dessinateurs de montres à Genève.
« Je mélange une vision personnelle, mon analyse marketing et une vocation pour créer des idées“ — et fidèle à mon slogan, toujours avec confiance : créer l’inconcevable ! »
« J’envisage un partenariat pour son développement, par exemple avec la marque Hublot, à Nyon », et il nous explique pourquoi :
« Avec un Hublot, ce n’est pas la montre qu’on remarque, c’est vous. »
« J’ai acheté une montre Hublot, et j’ai eu tout de suite la sensation que les gens te regardent d’une manière différente. En effet, au lieu de regarder l’objet en soi, comme les autres montres, les gens te regarde toi en tant que personne, et pas le produit. Il y a une énorme différence. En plus, j’ai le modèle le plus basique... je n’imagine pas avec les modèles plus complexes, ce que cela doit être ! La marque semble avoir une vie propre, socialement parlant ! »
Le projet était initialement inspiré de deux montres existantes chez Hublot, mais aussi du cinéma.
« J’ai eu quelques inspirations dans les films futuristes américains des années 60 à 90, qui, déjà à l’époque, essayaient d’imaginer le futur que nous vivons aujourd’hui. C’est comme si j’avais été téléporté dans les années 90, et que je devais créer un concept futuriste pour 2025. C’est un peu dingue, n’est-ce pas ?! Mais c’était comme ça ! », confie Rodrigo Cortez, assumant pleinement l’audace de sa démarche.
De plus, Rodrigo a eu l’occasion de rencontrer le CEO de Hublot, ce qui a renforcé sa motivation.
« J’ai visité les deux derniers Watches and Wonders à Genève, ainsi que le EPHJ (Salon de haute précision à Palexpo). Chaque année, je prends des photos et des vidéos des nouveautés. Je fais le tour, je fais du réseautage, je découvre des matériaux, je récupère des catalogues ». Cette approche lui a même permis d’avoir une opportunité unique d’échanger brièvement, sur son projet avec Julien Tornare, le nouveau CEO de Hublot, à l’occasion d’un séminaire à Genève. « C’était une conversation informelle et spontanée, mais ça m’a motivé. »
Né au Brésil, à São José dos Campos, une grande ville de l’État de São Paulo, reconnue pour son haut niveau en ingénierie, en aérospatiale et en innovation technologique.
Après son arrivée en Suisse, il a eu un véritable coup de cœur pour la ville de Genève où il s’est installé. « Quand je suis arrivé en Suisse, mon oncle travaillait chez BNB Concept (fondée par Mathias Buttet, aujourd’hui responsable R&D chez Hublot). Il était ingénieur de précision et rentrait chez nous avec l’uniforme et les catalogues des montres Hublot 2009/2010. Quand j’ai vu ça, j’ai été émerveillé. Pour les Suisses, c’était déjà innovant, mais pour moi, qui venais d’arriver du Brésil, c’était une explosion. Je dirais même un “Big Bang” dans ma tête – littéralement – car le nom de la collection du catalogue s’appelait justement Big Bang, qui célèbre d’ailleurs ses 20 ans aujourd’hui. »
Depuis, Rodrigo Cortez n’a cessé de se former : il a obtenu un certificat en marketing stratégique et opérationnel, et étudie aujourd’hui pour le Brevet fédéral de marketing.
Il a créé deux entreprises, développant à chaque fois les concepts, le positionnement, les produits, les publicités – « Ce sont deux succès personnels qui restent pour moi mes plus grandes fiertés. Ce sont des choses que l’argent ne peut pas acheter. Avoir l’envie de bien faire, dès le départ, ça change tout, déjà. »
Selon les entreprises spécialisées dans le comportement des consommateurs, en 2025, on observe une faible différenciation perçue par le public face aux nouveautés produits de manière générale, sauf dans trois cas particuliers :
– quand un produit offre une grande praticité qui facilite la vie du consommateur ;
– quand il présente un design visuel très original et esthétique ;
– ou quand le produit ou service apporte une fonctionnalité réellement nouvelle et intégrée.
Sinon, « la majorité des produits sont perçus comme du "déjà-vu" aux yeux des clients, ou simplement ne donnent pas envie d’essayer, ni de dépenser dans le vide, vu la situation du marché. Et en ce qui concerne l’horlogerie, à mon avis, chaque découverte d’un nouveau matériau – ou même d’une nouvelle propriété d’un matériau déjà existant, de nouveaux mélanges ou alliages, ou encore une nouvelle façon de teinter ou de manipuler une matière première – peut devenir une immense porte ouverte vers un futur d’options infinies. »
Et bien sûr, pour celui qui découvre ou maîtrise cette technologie, cela peut représenter un avantage stratégique considérable.
Derrière ce projet, se cache une question humaine et de marketing puissante, résumée par le slogan de Rodrigo Cortez : « L’art de créer l’inconcevable ».
Cette approche s’inspire directement des enseignements de Jean-Claude Biver, l’ancien CEO d’Hublot, aujourd’hui à la tête du groupe LVMH.
« J’ai vu un séminaire donné par Jean-Claude Biver sur le futur : il disait que, quand on a une vision, ce n’est pas encore la réalité — on doit la construire », explique Rodrigo, en citant la philosophie de Biver, qui implique d’être « le premier, l’unique à faire, ou différent des autres, d’une façon ou d’une autre. C’est comme ça qu’on peut arriver à l’excellence. »
Pour Rodrigo, cette approche répond à un besoin humain profond :
« On a tous un peu peur d’être petits ou faibles par rapport aux autres. Au fond de nous, on a presque tous un petit plaisir coupable à vouloir être différents et uniques face à la société et aux gens qui nous entourent. »
L’innovation en soi et le changement apportent de l’incertitude, c’est vrai — mais ce sont aussi les moteurs du futur, aussi bien pour les entreprises que pour les individus.
Pour Rodrigo, « Dès que tu fais quelque chose à partir d’une vision ou d’une idée personnelle, tu es déjà en train de construire l’inconcevable. »
L’être humain doit être au centre du marché et de l’innovation !
« À mon avis, l’être humain, son AIO (activités – intérêts – opinions) et son comportement, individuel ou collectif, sont le véritable centre du marché, aujourd’hui. »
Si l’on y réfléchit un instant : qui achète une montre, une voiture, ou tous les produits existants dans le monde entier ? Même lorsqu’il s’agit d’une entreprise, d’une institution ou d’un pays, il y a toujours un ou plusieurs êtres humains derrière chaque prise de décision.
Il avoue en rigolant : « Je n’ai jamais vu un chimpanzé acheter une montre — ni pour lui, ni pour l’offrir à sa copine à la Saint Valentin ! Ce sont uniquement les êtres humains qui consomment des choses, des produits et des services ! »
L’être humain est le protagoniste principal ! D’un point de vue humain et de consommation, il faut « rendre à César ce qui est à César » et remettre l’être humain à la bonne place.
Crédit photo : Alexandre Furrer