Les compétences acquises à l’armée peuvent-elles s’avérer être de véritables atouts dans le monde de la comptabilité ? Comment utiliser ces compétences dans son travail au quotidien ? Si l’on met de côté l’aspect parfois dur, rigide ou exigeant du milieu militaire, on découvre un ensemble de qualités et de savoir-faire directement transférables pour le domaine de la comptabilité. Ces compétences, forgées par l’expérience et la pratique, représentent une véritable valeur ajoutée pour toute organisation.
L’armée apprend avant tout la rigueur et la gestion du temps. Les délais y sont souvent très courts, ce qui pousse chacun à s’organiser efficacement et à prioriser les tâches essentielles. Cette capacité à planifier et à anticiper est une force précieuse dans le monde professionnel.
Cette rigueur dans la planification se retrouve dans la gestion d’un calendrier comptable : clôtures mensuelles, bilans, contrôles, audits… tout repose sur une organisation millimétrée. Comme un officier planifie une mission, le professionnel de la comptabilité doit structurer son travail, anticiper les imprévus et respecter des délais stricts sans compromettre la qualité.
Par exemple, à chaque fin de période comptable, je devais préparer en avance les documents comptables selon une liste donnée par le logiciel comptable militaire Milo, imprimer toutes les feuilles APG et signer pour que le réviseur puisse faire son travail dans de bonnes conditions, tout en continuant mes autres missions. Il me fallait donc une très bonne organisation.
Être gradé à l’armée, c’est vivre une expérience concrète du leadership. Après une phase de formation théorique, vient la pratique pour diriger un groupe d’adultes, être responsable de leur sécurité et de la réussite d’une mission.
Dans le monde civil, beaucoup de managers connaissent la théorie du leadership, mais rien ne remplace la mise en situation réelle. L’armée offre cette opportunité unique d’apprendre à parler en public, à motiver, à trancher et à assumer ses décisions.
Ces compétences managériales trouvent un écho direct dans les équipes financières : encadrer plusieurs collaborateurs, répartir les responsabilités, assurer la cohérence des procédures et la fiabilité des chiffres. Un bon chef comptable agit comme un chef de section : il fixe le cap, veille à la cohésion de l’équipe et s’assure que chacun comprend sa mission dans l’intérêt collectif.
Par exemple, lors de mon service militaire, j’étais en charge de deux soldats comptables qui devait m’aider dans ma mission. Après une formation qu’ils ont passé pour être comptable, je devais les former à la pratique pour qu’ils puissent m’aider dans ma mission. Dans un premier temps, je leur montrais comment comptabiliser les premières factures. Ensuite, je les laissais réaliser les opérations sous ma supervision directe. Enfin, lorsqu’ils gagnaient en autonomie, je les laissais effectuer les facturations seuls, même si je devais toujours contrôler leur travail par la suite.
Grâce à cette progression, à la fin de leur service avec moi, ils ont pu rejoindre une autre unité et être prêts à travailler.
La discipline est sans doute la valeur la plus emblématique de l’armée. Se lever chaque jour à heure fixe, entretenir son matériel, répéter les gestes essentiels. Ces habitudes forgent la constance et l’autonomie.
Même lorsque la motivation s’essouffle, la discipline prend le relais. À force, elle devient une seconde nature. Et dans le monde du chiffre, cette constance fait toute la différence.
La tenue de livres impeccables, la vérification méticuleuse des écritures, la conformité aux normes comptables ou fiscales exigent la même rigueur que celle d’un soldat vérifiant son équipement. La précision et la répétition des bonnes pratiques assurent la fiabilité des données financières et la confiance des partenaires.
Pour ma part, il y avait des tâches qui revenaient souvent et qui étaient parfois redondantes, comme tenir à jour la quantité de stock pour les aliments, compter la caisse chaque semaine. Et c’est grâce à la discipline que je ne repoussais pas ou ne déléguais pas ces tâches qui, même si elles sont redondantes, restent importantes.
Les imprévus font partie intégrante de la vie militaire. Il faut savoir garder son sang-froid et réagir rapidement. Cette capacité à garder son calme est tout aussi précieuse face à une clôture annuelle, un contrôle fiscal ou une anomalie comptable. Quand la pression monte et que les délais s’accélèrent, la méthode et la lucidité font la différence. L’expérience militaire apprend à prioriser, à agir sans panique et à sécuriser le résultat, même dans l’urgence.
Comme dit plus haut dans l’article, j’avais de nombreuses missions qui rendaient mon emploi du temps chargé. Le droit à l’erreur n’était pas une option, ce qui amenait de la pression. Pour la gérer, même si le temps m’était compté, je me réservais toujours quelques minutes de réflexion afin d’analyser la situation et éviter de céder à la panique. Avant d’en subir, je limitais autant que possible cette pression, je m’organisais de façon à disposer d’un temps de réserve, ce qui me permettait de réagir en cas d’imprévu. Par exemple, lors d’un déplacement, j’ajoutais systématiquement quinze minutes à mon trajet pour anticiper d’éventuels bouchons ou travaux susceptibles de me mettre en retard.
Un des grands défis de notre société actuelle est le manque de communication. À l’armée, transmettre un ordre clair et précis est vital. Les mots choisis, le ton employé et la manière de s’adresser à son équipe peuvent tout changer.
Il faut aussi savoir faire preuve d’écoute et d’empathie, surtout avec ceux qui n’ont pas toujours choisi d’être là. Expliquer le sens d’une mission, redonner de la motivation et maintenir la cohésion d’un groupe, c’est du pur management humain.
Dans le milieu comptable, la communication est tout aussi cruciale. Traduire des chiffres en messages compréhensibles pour des non-spécialistes, collaborer avec les auditeurs, échanger avec la direction : tout cela requiert clarté et diplomatie. La capacité à transmettre une information sans ambiguïté, acquise à l’armée, devient ici une compétence stratégique.
Par exemple, il me fallait un bon sens de la communication pour avoir les informations sur les factures, comprendre de quoi ils s’agissaient, trouver l’endroit où chercher la solution.
La camaraderie est sans doute la première règle du service militaire. Sans esprit d’équipe, aucune mission ne peut aboutir. À l’armée, on apprend à s’entraider, à partager les efforts et à célébrer ensemble les réussites. Dans le monde civil, cette solidarité se traduit par une meilleure coopération entre collègues, un climat de confiance et une performance collective accrue.
C’est particulièrement vrai dans un service comptable, où les tâches sont interdépendantes : un bilan ne se clôt pas seul, et une erreur de saisie peut affecter tout un service. L’esprit d’équipe appris sur le terrain permet de travailler dans un climat de soutien mutuel, d’échanger librement les informations et d’avancer ensemble vers un objectif commun : la justesse des comptes.
Même si j’étais le seul responsable pour ma compagnie, entre anciens camarades, nous nous entraidions pour certaines écritures comptables spéciales, ou simplement pour se donner des conseils.
Je ne suis pas particulièrement attaché au côté dur ou autoritaire de l’armée. Cependant, travailler dans un environnement exigeant m’a appris une chose : après avoir affronté la difficulté, tout paraît plus simple.
Les valeurs acquises dans le cadre militaire discipline, méthode, sens du collectif et gestion du stress se traduisent parfaitement dans les métiers du chiffre, où fiabilité et précision sont essentielles.
Dans les domaines de la finance et de la comptabilité, elles deviennent des atouts majeurs : elles apportent stabilité, rigueur et sens des responsabilités. Un professionnel formé par l’armée n’apporte pas seulement des compétences techniques, mais aussi une solidité de caractère et une éthique de travail qui inspirent confiance.
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Après avoir obtenu mon CFC d’employé de commerce et mon diplôme d’aide-comptable, j’ai effectué mon service militaire au sein de l’Armée Suisse. J’ai eu la chance de devenir sergent et fourrier, un rôle dans lequel j’ai développé des compétences essentielles comme le leadership, la gestion du temps, la discipline et l’organisation. Ces expériences m’ont permis de mieux comprendre l’importance de la rigueur et de l’efficacité dans le travail, tout en gardant un bon équilibre personnel. Aujourd’hui, je suis quelqu’un de curieux, motivé et orienté vers le développement continu, toujours prêt à apprendre et à m’améliorer.
