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Davos 2012 : la “conversion”, mais jusqu’où?

by | Jan 31, 2012 | Economie et Emploi | 0 comments

D.R.

Pour la première fois, le Forum économique mondial (WEF) de Davos s’est penché sur les échecs du modèle capitaliste. Cinq jours durant, les participants à la 42e édition davosienne, qui s’est achevée dimanche 29 janvier, ont réfléchi à la manière de réformer le système qui a conduit à la crise des subprimes en 2008 puis à la crise actuelle de la dette. Sans toutefois apporter de réponses définitives.

Le président et fondateur du WEF, Klaus Schwab, avait donné le ton, à l’ouverture du forum, en déclarant que, dans sa forme actuelle, le capitalisme était «dépassé». Les paroles de M. Schwab ont visiblement eu un écho auprès de grands noms de l’économie et de la finance mondiales. A commencer par le président du conseil d’administration de Nestlé, Peter Brabeck, qui, dans l’édition du Temps du 28 janvier dernier, affirmait que “le capitalisme en tant que tel n’a jamais été appliqué”.  Selon lui, le système connaît des ratés depuis bien des années. Il plaide pour un retour aux fondamentaux.

Un jour plus tard, au terme du forum, le directeur du puissant fonds d’investissement Carlyle, David Rubenstein, enchaînait: “Je pense que nous avons trois ou quatre ans dans les pays occidentaux pour améliorer notre modèle et, si nous n’agissons pas rapidement, nous aurons perdu la partie”.

Un mouvement de fond

Cette prise de conscience a surpris nombre d’observateurs. Mais, en réalité, elle entérine un mouvement de fond. Année après année, le WEF s’ouvre aux idées pouvant corriger les distorsions du système. C’est notamment depuis la fin du dernier millénaire que le forum de Davos multiplie initiatives caritatives et déclarations d’engagement social. La réflexion sur les moyens de lutter contre le réchauffement climatique avait marqué l’édition 2007 mais bien avant déjà celle de 2005. Cette année-là, le WEF avait collaboré avec le G8 à Gleneagles, en Ecosse, dans le cadre de l’Environnemental initiative sur les changements climatiques et l’eau.

Précédemment, la proposition d’une taxe pour financer la lutte contre la faim avait été émise dans la station grisonne. A l’approche de l’édition 2006, le WEF s’ouvrait aux idées de suspendre le remboursement des dettes des pays africains en difficulté. Sans oublier les incitations faites aux entreprises de promouvoir les droits fondamentaux et les garanties environnementales. En 2002, l’ex-secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan lançait le Global Health Initiative, un projet permettant aux grands groupes pharmaceutiques de conclure des partenariats publics-privés afin de lutter contre les trois maladies les plus meurtières de la planète: sida, tuberculose et malaria.

L’année suivante, en 2003, c’est au tour d’un vaste projet sur l’éducation d’être mis en avant à Davos: le Global Education Initiative mettait à contribution les multinationales spécialisées dans les technologies de l’information dans des projets pouvant avoir un impact positif sur la vie des enfants de pays africains et asiatiques. Les méfaits de la corruption ont aussi été au menu du WEF, notamment en 2004, où le Partnering Against Corruption Initiative a reçu l’adhésion de 140 grandes entreprises multinationales.

Cette année à Davos, le WEF a continué d’aborder en sessions les thèmes fondamentaux que sont l’économie, la finance, l’emploi, le développement durable, l’éducation, la santé… Ceci sans propositions concrètes, mais en osant au moins dévoiler une prise de conscience grandissante quant aux impasses dans lesquelles s’enlise peu à peu notre système capitaliste.

 

D.R.

Quel avenir pour quel capitalisme ?

Ecrit par David Maseda

Il y avait de quoi être surpris, cette année au terme du World Economic Forum. Les intervenants ont débattu de la transformation et de l’avenir du capitalisme. Etonnant ? Encourageant ? Antinomique ?

Pour certains, il n’est pas nécessaire de réinventer l’économie de marché. Elle fonctionne. Le problème et la solution se trouveraient dans la gouvernance. “Elle a juste besoin de bonnes règles et d’une volonté politique forte” a déclaré à Davos Angel Gurria, secrétaire général de l’OCDE.

Pour d’autres au contraire, l’économie de marché est à réinventer. “Il faut davantage de concurrence dans l’économie et des entrepreneurs responsables”, selon Anders Borg, ministre suédois des Finances. Il faut aussi et surtout changer les règles pour une fiscalité plus équitable. La nécessité d’une amélioration des systèmes d’éducations et des systèmes sociaux pour aider les plus faibles à sortir de la pauvreté a aussi été débattue.

Pour ma part, j’ai été interpellé par l’intervention de Nouriel Rubini, économiste connu pour avoir annoncé les conséquences de la crise des subprimes avant tout le monde. Il fait à mon sens état d’une réalité implacable lorsqu’il affirme: « Il existe plusieurs formes de capitalisme. Le laisser-faire anglo-saxon a failli. L’Etat-providence développé en Europe a sombré en accumulant les dettes. Mais le plus inquiétant, ce sont les inégalités sociales qui croissent partout dans le monde. » Il y a dans ces dysfonctionnements non seulement un problème moral, mais aussi une source d’inefficacité économique. « Les plus pauvres ne peuvent pas dépenser et les riches accumulent de l’épargne. La richesse ne circule plus. »

A l’évidence, le capitalisme actuel a besoin d’une alternative.

 

 

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