Il y a généralement deux sources de financement pour un projet culturel : l’Etat et les donateurs privés. Etant donné les circonstances économiques « les Etats vont devoir faire face à des charges sociales toujours plus lourdes et les subventions allouées à la culture vont être amenées à diminuer » déclarait dans une interview Mischa Damev, intendant pour la musique classique du Pour-cent culturel Migros (A). Donc la source de financement privée semble être celle de l’avenir puisque sa part va proportionnellement augmenter dans les budgets de projets culturels.
En ce qui concerne le financement privé d’un projet culturel, il y a la manière traditionnelle de lever des fonds qui est de faire appel aux fondations, banques, sociétés, ou aux particuliers aisés qui en retour associe leur nom, leur image à la manifestation. Pourtant une autre manière de financer est en train de sérieusement faire son chemin : le financement participatif ou « crowdfunding » en anglais et donc littéralement « financement par la foule ». En effet, tous secteurs confondus « le crowdfunding enregistre une croissance exponentielle depuis que les premiers sites dédiés ont vu le jour en 2007. Selon une étude publiée en mai 2012 par crowdsourcing.org, près de 1.5 milliards de dollars US ont été levés en 2011 sur les quelques 450 plates-formes en service à travers le monde » (B) Mais en quoi consiste exactement ce nouveau concept qui bien sûr ne s’applique pas seulement au domaine culturel ?
Les raisons du succès du crowdfunding
Le financement participatif consiste à collecter, via une plateforme internet, des petites sommes auprès d’un grand nombre de personnes pour financer un projet. C’est une approche particulièrement intéressante pour les projets créatifs et artistiques car les investisseurs investissent par passion, envie d'aider ou d’autres raisons. La multiplication des petites sommes collectées permet à des porteurs de projets de réunir des fonds qu’ils n’auraient pas pu obtenir via des sources de financement classiques et ce sans intermédiaires. Le porteur de projet culturel doit donc, via en général une vidéo, expliquer son projet, détailler à quoi va servir l’argent et séduire son public. Il faut aussi définir le montant de financement à atteindre et la date de clôture de la collecte : ainsi si le projet atteint son objectif de financement, les montants offerts seront alors débités auprès des donateurs mais si le projet échoue à atteindre ses objectifs de dons, personne ne sera débité et le projet ne sera pas financé. En général, les projets réussis ont une durée de collection plus courte et une demande de financement moindre que les projets qui échouent. Pour réussir son projet culturel, il faut également offrir des contreparties en fonction du montant collecté : copie électronique ou physique du projet, édition limitée, dîner avec l’artiste, concert privé, etc… Il faut en outre communiquer constamment avec les donateurs, même si quelque chose va mal car ceux-ci financent parce qu’ils ont confiance. Mais alors quelles sont les plateformes internet à l’heure actuelle qui permettent le financement participatif ou crowdfunding d’un projet culturel? (C)
Les plateformes de financement participatif, pour entre autres, des projets culturels poussent comme des champignons mais « le site américain, Kickstarter, crée en 2009, est devenu un incontournable du genre avec 39’000 projets financés avec succès (sur un total de 93'000). Ainsi en mars, un projet de film tiré de la série « Veronica Mars » a notamment réuni 2,5 millions de dollars de promesses de dons en seulement vingt-quatre heures. » (D) En France, on peut compter, par exemple, sur des sites comme MyMajorCompany (qui a notamment produit avec succès le chanteur Grégoire), KissKissBankBank ou Ulule, et bien d’autres encore. Et alors ? Qu’en est-il en Suisse ?
Le crowdfunding se développe aussi en Suisse
En Suisse, on peut désormais compter sur wemakeit.ch, plateforme de levée de fonds en ligne dédiée spécifiquement au financement de projets artistiques : elle est soutenue par Migros et Pro Helvetia, a entamé sa carrière en février 2012 à Zurich et est présente maintenant en terres romandes. On peut aussi compter sur 100-days.net mais cette plate-forme voit plus large : de la musique au film en passant par le design et les nouveaux produits (E). Pour en revenir à wemakeit.ch, ce dernier affiche un taux de réussite de 77% (en Suisse Romande) et de 68% à l’échelle nationale. En comparaison kickstarter.com affiche quant à lui un taux de réussite de 42%. Depuis sa création, wemakeit.ch a déjà récolté près de 2 millions de francs et 271 projets culturels ont pu être financés grâce à 15'040 contributeurs. (F)
Sources :
A : Le Temps – 19.11.2010 – Propos recueillis par Jonas Pulver pour son article « le financement privé est l’avenir de la musique classique »
B : Le Monde – 16.01.2013 – Article d’Aureliano Tonet « La création à l’heure du crowdfunding »
C : toc-arts.org – 26.05.2012 – Article de Lilian « Le guide du crowdfunding pour les artistes »
D : Business & Marchés – 10.04.2013 – Article de Franck Stassi « Crowdfunding : le financement participatif prend son essor »
E : Le Matin – 24.04.2012 – Article de Pierre-François Besson « Le financement participatif gagne la Suisse Romande »
F : 24 heures – 07.05.2013 – Article de Simon Koch « Les romands sont les champions du Crowdfunding »
