
La Suisse est connue pour sa recherche de la perfection : ses montres, son chocolat et son secteur financier sont devenus des références mondiales. Pourtant, dans le monde du vin, le pays reste presque invisible. Notre analyse montre que la raison ne réside pas dans la qualité du produit, mais dans une structure du marché unique et très fermée.
La Suisse possède tout ce qu’il faut pour produire des vins de niveau international :
• De très anciennes traditions viticoles
• Des terroirs alpins et en terrasses uniques
• Des cépages autochtones rares (comme le Chasselas)
• Une forte concentration de domaines familiaux de grande qualité
Malgré ces atouts, le vin suisse est presque absent du marché mondial. Cela s’explique par un ensemble de facteurs géographiques, économiques et culturels.
La principale contrainte est le manque de terres. Selon l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG), la surface totale des vignobles en 2024 n’était que de 14 484 hectares. C’est très peu par rapport aux grands pays producteurs.
Les terroirs sont petits et dispersés, souvent situés sur des pentes très raides. Il est presque impossible d’augmenter la production. La Suisse produit, par définition, peu de vin.
La situation s’est aggravée en 2024, qui a été l’une des plus faibles récoltes des 50 dernières années.
Avec des volumes aussi faibles, les producteurs n’ont aucune réserve pour exporter. Toute la production est indispensable pour satisfaire la demande intérieure.
Un facteur clé de cette absence de vins suisses à l’international est que les Suisses consomment eux-mêmes énormément de vin.
Selon l’OIV (International Organisation of Vine and wine), la Suisse figure parmi les 20 premiers pays en consommation totale et occupe la 4ᵉ place mondiale en consommation par habitant : 29,7 litres par adulte et par an, un niveau comparable à celui de la France ou de l’Italie.
Cela donne au final une consommation totale d’environ 2 175 000 hl pour 2024.
Les chiffres montrent clairement la pénurie de vin dans le pays :
Conclusion intermédiaire : presque tout le vin suisse reste dans le pays, où il est immédiatement consommé.
La Suisse confirme son statut de marché premium par son niveau d’importation.
Selon l’OIV, elle occupe la 1ʳᵉ place mondiale pour le prix moyen du vin importé : 9,05 € / litre
Cette hausse (+20 % par rapport à 2023) montre que le consommateur suisse préfère des produits de haute qualité. Dans ces conditions, exporter le vin local qui est lui-même cher devient peu intéressant économiquement.
Le vin suisse est un phénomène unique. Il reste invisible à l’international non pas par manque de qualité, mais à cause d’un ensemble particulier de conditions : une surface viticole limitée, une demande intérieure très forte et une exportation peu rentable.
C’est un « vin boutique » que le pays produit presque exclusivement pour sa propre consommation.
Sources :
Statistiques arboricoles et viticoles
OIV_State_of_the_World_Vine_and_Wine_Sector_in_2024_PPT.pdf
Crédit photo : NDStock via iStock
Economiste de formation, j'ai plus de 20 ans d’expérience dans le management, le commerce de détail et de gros, le marketing et la logistique. Installée à Genève depuis 2022, je m’intéresse particulièrement à l'analyse économique, à la gestion d’entreprise et aux dynamiques du marché global. Organisée, créative et orientée solutions, j’explore les enjeux économiques qui influencent la vie quotidienne et les décisions stratégiques. Actuellement, je suis en processus d’intégration professionnelle en Suisse. Mes compétentes clés incluent : la gestion opérationnelle, l’analyse financière, l’optimisation des processus, la résolution de problèmes, complexes et la coordination de projets.