
La gestion du changement repose sur un principe fondamental : un changement réussit s’il est adopté par les équipes (Kotter & Cohen, 2002). Cette adoption implique une communication claire, des rôles définis et une participation active (Oreg, Vakola & Armenakis, 2011).
Mais comment communiquer efficacement sans documentation préalable ? Les organisations apprenantes transforment les erreurs en savoirs collectifs grâce à la formalisation (Argyris & Schön, 1996). Sans elle, chaque départ d'un collaborateur entraîne une perte de connaissances difficile à compenser.
J'ai rejoint une structure à la suite d’une réorganisation globale. L’équipe RH précédente avait été transférée vers une autre entité, conservant la majorité des documents usuels. Mon rôle consistait à reconstituer la mémoire organisationnelle en identifiant ce qui existait, manquait ou devait être mis à jour ; garantir la continuité opérationnelle pendant la transition ; et reconstruire l’infrastructure RH pour soutenir la croissance future de l’organisation.
Cette double exigence a nécessité une agilité importante : maintenir les opérations tout en bâtissant progressivement les fondations documentaires manquantes.
L’expérience a révélé une leçon essentielle : un changement ne réussit jamais uniquement grâce aux structures et aux outils. La véritable transformation repose aussi sur la dimension émotionnelle, souvent invisible mais déterminante.
Les modèles de Kotter, ADKAR et la courbe de Kübler-Ross se complètent pour allier structure, adoption individuelle et réalité humaine. Pourtant, cette dimension reste fréquemment négligée. Comme l’ont montré Deci & Ryan (2000), un changement durable naît lorsque les individus trouvent du sens et conservent un sentiment d’autonomie. Sans accompagnement émotionnel, même les meilleurs dispositifs demeurent inefficaces.
Quelques bonnes pratiques pour accompagner le changement sur le plan émotionnel :
Dans vos projets de transformation — réorganisation, fusion ou évolution d’équipe — intégrez-vous la dimension émotionnelle au même titre que les processus et les outils ?
La documentation, la formation et les processus sont indispensables, mais ne suffisent pas à eux seuls. Un changement durable repose sur trois piliers indissociables : la structure, l’adoption individuelle et l’accompagnement émotionnel. C’est l’équilibre entre rigueur organisationnelle et soutien humain qui transforme réellement les pratiques.
Dans notre prochain article, nous aborderons une question cruciale Et si vos Indicateurs de Performance Clés (ICPs) mesuraient votre capacité à faire de l'administration plutôt que votre réelle contribution RH ? Découvrez le piège du pilotage déconnecté du terrain.
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Titulaire d'un Master en Psychologie du Travail et des Organisations et certifiée CAPM, j'accompagne depuis 13 ans les organisations à travers divers secteurs—du CICR au secteur bancaire, du trading aux cabinets d'audit—dans leurs transformations, leurs opérations RH et programmes de bien-être et de cohésion d'équipe. En tant que HR Operations Manager, j'ai développé une approche unique alliant rigueur académique et pragmatisme opérationnel. Cette double perspective m'a permis de comprendre les dynamiques humaines au-delà des apparences tout en restant ancrée dans l'action concrète. Je suis convaincue que les meilleures organisations sont celles qui placent l'humain au centre, non pas comme un slogan, mais comme une pratique quotidienne.