Dans le cadre des petits déjeuners des PME et des Start-up, une conférence-débat a eu lieu sur le thème : « Combien vaut mon entreprise » le vendredi 27 septembre 2013 dans les locaux de la Fédération des Entreprises Romandes (FER) à Genève.
Les participants ont pu assister aux présentations d'Alain Guillaume, Director, Head of Audit CorporateTeam chez KPMG et de Samuel Babey, Director Corporate Finance chez PricewaterhouseCoopers.
Connaître et déterminer la valeur d’une entreprise n’est pas chose aisée, mais légitime et primordiale pour une vente réussie. Il est donc important de se mettre à la place de l’acheteur et de se poser les bonnes questions :
Il faut donc bien comprendre le contexte et les enjeux de l’entreprise, faire appel à un ou plusieurs spécialistes et ne jamais oublier que la valeur n’égale pas le prix de vente.
Evaluation d’entreprise : contexte global
La question de savoir « Combien vaut mon entreprise » peut se poser dans plusieurs cas de figure, tels que :
Le contexte global de l’évaluation d’entreprise a un impact important sur les facteurs qui seront pris en considération par le propriétaire-actionnaire. Les enjeux à prendre en compte seront différents lorsqu’il s’agit d’une vente à « l’interne », comme une succession ou un intéressement de collaborateurs, que lorsqu’il s’agit d’une vente à « l’externe », par exemple lors d’un rachat par des tiers ou par des nouveaux actionnaires.
Pour illustrer ces propos, prenons le cas d’une vente « interne » lors d’une succession. Les enjeux à prendre en considération seront la pérennité de l’entreprise, l’avenir financier du vendeur, le financement de l’opération, le respect du conjoint et des héritiers, les relations avec les tiers et les employés et enfin la fiscalité. Des acteurs multiples interviennent ainsi dans le processus, tels que le propriétaire en tant que vendeur, les descendants comme repreneurs, mais aussi les employés et les banques.
De manière générale, il est indéniable que cette vente ou ce transfert intervient souvent en pleine maturité de l’entreprise ou lors du déclin des profits. Le choix de la méthode d’évaluation dépend donc du cycle de vie de l’entreprise et du type de vente. Ainsi, l’approche en terme de valorisation pour une start-up, qui n’a pas d’historique financier fiable ou de résultats, est différente d’une approche basée sur les performances passées lors d’une vente en interne ou par intéressement ; de même, la valorisation du potentiel de l’entreprise sera basée sur des résultats futurs attendus lors d’une vente à des tiers.
Méthodes d’évaluation et facteurs clés influençant la valeur d’une transaction
Pour valoriser une entreprise, le processus est le suivant :
Détermination de projections financières fiables → choix des méthodes de valorisation
→ analyse de sensibilité ou de scénarios possibles → fourchette de valeur

Samuel Babey et Alain Guillaume
Ainsi, la valeur dépend de l’angle où l’on se situe et à qui l’on s’adresse. De manière générale, l’entrepreneur sera tenté de maximiser celle-ci, s’il entend finaliser la vente avec des investisseurs ou des concurrents. En revanche, s’il souhaite transmettre son entreprise à ses héritiers, il aura tendance à en réduire la valeur. Aux yeux des bailleurs de fonds, la valeur d’entreprise est à distinguer de la valeur des fonds propres représentée par la valeur actionnariale, déduction faite des dettes nettes.
De plus, il est important de faire la distinction entre la valeur et le prix.
La valeur d’une société est le résultat d’une analyse. Elle est fondée sur la valeur de marché de l’entreprise et se définit comme étant le prix auquel on pourrait raisonnablement s’attendre à vendre les titres de la société, dans le cadre d’une transaction librement négociée, sans impératifs de délais, à des conditions normales de marché. Le prix obtenu est le résultat d’un processus dans le cadre d’une transaction. Il pourrait être inférieur ou supérieur à l’estimation de la valeur, car celui-ci résulte d’un accord entre les parties, déterminées à l’achat ou à la vente. Les considérations purement subjectives des parties ne peuvent être intégrées à l’évaluation que de manière restreinte, mais entrent en ligne de compte au moment de la négociation du prix.
Les méthodes principales d’évaluation sont au nombre de trois.
Chaque méthode d’évaluation comporte ses avantages et ses inconvénients, l’essentiel est de choisir l'approche qui permette de déterminer au plus près la valeur réelle pour une transaction optimale.
Mais alors, quels sont les facteurs clés influençant la valeur d’une transaction ? Il est nécessaire de distinguer les facteurs quantitatifs et les facteurs qualitatifs, à l’intérieur desquels, il existe des facteurs dits de création de valeur, qui la renforce, et des facteurs dits limitatifs, qui peuvent l’atténuer.
Ainsi, au sein des facteurs quantitatifs, le chiffre d’affaire, la marge bénéficiaire de la société, la croissance du CA, ainsi que les investissements récents sont autant de facteurs de création de valeur. En revanche, le niveau d’endettement de la société, le flux de trésorerie négatif et la variabilité importante du CA sont des facteurs limitatifs en terme de valeur. Pour les facteurs qualitatifs, la présence d’une équipe de management forte et indépendante des actionnaires dirigeants, un leadership reconnu ou l’existence d’acquéreurs naturels sont des exemples de facteurs qui renforcent la valeur. A contrario, la dépendance à un homme-orchestre, l’absence d’avantages compétitifs distincts ou la marche des affaires liées à des relations privilégiées sont autant de facteurs limitatifs.
Valeur fiscale d'une société
Il est important de se poser la question de la valeur fiscale d’une société, car les incidences en terme fiscal et les taux d’imposition seront différents s’il s’agit d’une société de capitaux comme la SA ou la Sàrl ou d’une société de personnes dites simple ou d'une société en nom collectif (SNC). De même, la nature du repreneur, membre de famille, employés, concurrent ou investisseur aura son incidence.
A titre d’exemple, lors d’une vente interne avec reprise par la création d’une holding formée d’héritiers, le vendeur pourra bénéficier d’un gain en capital exonéré. De même, l’acheteur pourra bénéficier d’une possibilité d’amortissement, d’une déduction illimitée des intérêts passifs, d’un amortissement de la dette non déductible, mais aussi d’une capacité de financement.
Les entrepreneurs intéressés à connaître la valeur de leur entreprise peuvent s’adresser à des sociétés de révision ou à des fiduciaires. De précieuses informations sont disponibles auprès du Service de la promotion économique de Genève.