Tous les peuples ont eu, à un point extrême, la passion des plantes aromatiques.
Élément essentiel de leur culture, mémoire de l’amour et image du bonheur, elles représentaient à leurs yeux la vie digne d’être vécue.
Aujourd’hui encore, l’huile essentielle rare et coûteuse, a quelque chose de royal et même de divin, d’où son nom « d’essence » du verbe latin ESSERE (être). Puiser au cœur des essences permet à l’homme d’accéder à l’âme de la plante, au secret de sa nature, à son « être » vital.
L’aromathérapie, l’art d’utiliser les plantes aromatiques
Beaucoup d’huiles essentielles sont incolores et fluides, certaines sont visqueuses, d’autres colorées. Toutes partagent néanmoins cette caractéristique : elles sont uniquement liposolubles (solubles dans du gras).
L’action la plus intéressante des huiles essentielles s’effectue au niveau de la recharge en énergie de nos batteries neuro-hormonales et de la rééquilibration de notre terrain biologique.
L’aromachologie est la nouvelle science qui étudie l’impact des odeurs sur notre comportement, pour notre plaisir ou dans le but de stimuler la vente de produits aussi divers que les brioches ou les croissants, les produits ménagers, les produits d’hygiène.
Qu’est-ce qu’une plante aromatique ?
Elle se différencie des autres plantes médicinales par la présence en certains de ses tissus, de principes volatils, odoriférants, appelés essences.
L’essence est fabriquée par des glandes sécrétrices situées le plus souvent dans les fleurs et les feuilles, mais aussi dans les fruits, le zeste, le bois et les racines.
Les molécules de la bonne humeur
Il existe plus de 10'000 composants aromatiques qui composent les huiles aromatiques.
Les molécules odorantes contiennent en effet des esters dits « composants de la bonne humeur » qui rentrent en rapport direct avec le système limbique, cerveau de l’émotion et du souvenir.
Ces molécules actives sur la psyché, qu’elles soient inhalées ou appliquées sur le plexus solaire, la colonne vertébrale ou la plante des pieds, vont très vite réguler les neurotransmetteurs dans le cerveau.
Les stars de l’apaisement et de la décontraction sont depuis toujours la marjolaine, la camomille et l’orange douce qui sont la providence des personnes stressées.
Comment une odeur volatile passe-t-elle à l’état « d’image olfactive » ?
Pour le comprendre, il faut savoir qu’une odeur est un assemblage de molécules odorantes dont la masse moléculaire doit être comprise entre 30 et 300 constituants chimiques. C’est la taille « idéale » pour qu’elles puissent être captées par la muqueuse olfactive.
Si elles pèsent moins, ces molécules n’ont pas d’odeur dans des conditions de pression normales : c’est le cas de l’oxygène, qu’on ne peut sentir qu’en caisson hyperbare. Si elles pèsent davantage, elles sont trop volumineuses pour être captées.
Les avancées de la chimie organique ont permis de dénombrer entre 25'000 et 30'000 types de molécules odorantes. On a identifié 542 composés dans le café, 251 dans le whisky et 228 dans la pomme.
Mémoire olfactive
La mémoire olfactive diffère des mémoires visuelle ou auditive. Pourquoi ? Parce qu’elle résiste beaucoup mieux à l’épreuve du temps, et que son mode d’apprentissage est unique.
Premièrement, les neurones de la muqueuse se reproduisent constamment : la totalité des récepteurs est renouvelée en 30-40 jours ! Hormis quelques maladies rares, nous conservons donc intact le sens de l’odorat au fil des années.
Ensuite, des connexions de neurones relient étroitement l’odorat à l’ouïe et à la vue : ainsi, la mémoire olfactive enregistre en même temps que l’odeur tout son contexte émotionnel. C’est en associant senteurs et contexte que nous stockons les odeurs qui nous marquent.
L’odorat
L’odorat participe à une « sensibilité moléculaire » qui fonctionne dès les premières heures de notre vie. Le nouveau-né reconnaît entre mille l’odeur de sa mère.
Quand les autres sens sont endormis, notre odorat demeure en alerte et procède à une analyse chimico-sensorielle pour nous renseigner sur notre environnement. Après un étonnant travail de reconnaissance, d’association et de mémorisation, notre cerveau donne à chaque odeur une référence.
Loin d’être un sens atrophié chez l’homme, l’odorat reste un mode de communication et d’alerte essentiel. Il renforce le plaisir gustatif ; à l’inverse, les odeurs artificielles créées par l’industrie provoquent des troubles psychologiques et psychiques dont nous commençons seulement à mesurer l’importance.
Tout comme les sons, les odeurs sont associées à des connaissances et des émotions, d’une manière plus ou moins riche.
Si la psychanalyse est le moyen d’explorer l’inconscient en l’abordant par le mental. L’odorat est non seulement lié à la mémoire, mais aussi à notre cerveau primitif, appelé cerveau limbique ou cerveau reptilien (celui de la survie). Ce cerveau s’occupe de la régulation de notre activité sensitive, motrice et réflexe.
Il contrôle la faim, la soif, le désir sexuel. Il réagit de façon personnalisée et varie d’un individu à l’autre suivant le terrain et l’équilibre neveux, hormonal et émotionnel du moment mais aussi en fonction du vécu.
Il réagit instantanément sans filtrage, selon la loi du tout ou rien, ce qui explique l’action puissante des arômes sur notre comportement. Une odeur déclenche ainsi une réaction de plaisir ou de déplaisir, de bien-être ou de panique.
Liée au souvenir, l’odeur agréable pour certains peut se révéler agressive pour d’autres et même franchement nocive car liée dans la mémoire olfactive du mauvais souvenir.
La synesthésie ou l’inspiration des artistes
En développant le sens olfactif si négligé, voire carrément anesthésié par la vie contemporaine, nous ponvons réveiller cette partie du cerveau reliée aux images et aux sensations, à savoir l’hémisphère droit.
Dès lors, l’éveil du sens de l’odorat contribue également à l’éveil du 6ème sens, c’est-à-dire la capacité de saisir intuitivement les choses à demi-mot. Nous pouvons prendre les devants sur ceux qui veulent d’abord comprendre avant d’agir. C’est ce qui s’appelle avoir du flair.
En éveillant ce sens endormi, nous pouvons faire l’expérience de la synesthésie et constater à l’instar de Baudelaire combien les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Certaines personnes possèdent cette faculté de pouvoir fusionner leurs sens ; elles ont ce don de « voir » les sons, « entendre » les odeurs.
Si un parfum éveille en nous certaines affinités ou répulsions, selon la perception que nous en avons ou les éventuels souvenirs qu’il suscite, à leur tour les sentiments que nous éprouvons, génèrent des émanations odoriférantes, perceptibles ou non, dont l’influence sur notre entourage n’est pas à négliger.
« Je ne peux pas le sentir », « elle est puante », etc. L’expression « comment te sens-tu ? » prend alors tout son sens.
Celui qui a appris à utiliser son sens olfactif et l’a affiné, dispose d’un outil précieux pour la connaissance des êtres et des choses.
Quelques grands noms qui ont fait avancer l’aromathérapie
R.-M. Gattefossé (1881-1950), est considéré comme le père de l’aromathérapie. Cet ingénieur chimiste s’occupa très tôt de la recherche en essences et en parfums dans l’entreprise familiale fondée par son père en 1882 à Lyon. Or, en 1910, il se brûla les mains et le cuir chevelu lors d’une explosion de son laboratoire. Il eut l’idée de plonger ses mains dans l’huile essentielle de lavande et comme il en guérit rapidement, il commença à s’intéresser de plus près aux huiles essentielles, c’est lui qui créa le terme « aromathérapie ».
J. Valnet (1920-1995), est considéré comme père en second de l’aromathérapie, tant son travail sur la phyto-aromathérapie fut en lien avec celui de Gattefossé.
Il fut vraiment à la base de la validation de l’usage médical et scientifique des huiles essentielles. En 1971, J. Valnet sera un des premiers à diffuser une réelle avancée médicale, un médecin de Dijon, le Dr M. Girault proposa une nouvelle manière d’envisager l’antibiogramme, non plus avec des antibiotiques classiques, mais avec des huiles essentielles.
Depuis le début des années 1975-1980, les recherches, applications cliniques et nouvelles ouvertures pour l’utilisation des huiles essentielles ne cessent de s’élargir.
En Italie, entre 1920 et 1930, le Dr R. Gayola et Dr G. Gatti, étudièrent le mode de fonctionnement des huiles essentielles ; ils s’attachèrent à découvrir surtout leur influence sur le psychisme et le système nerveux.
Début des années 1950, Marguerite Maury, biochimiste, mais aussi esthéticienne et passionnée de radiesthésie, introduisit les huiles essentielles dans les massages. Elle écrivit plusieurs livres qui provoquèrent un véritable engouement en Angleterre.
P. Franchomme, biochimiste, développe ses recherches sur l’aspect antiviral et crée la technique du chémotype.
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Sources :
L’aromathérapie énergétique, Lydia Bosson
L’aromathérapie, Dominique Baudoux
Les huiles essentielles : médecine d’avenir, Jean-Pierre Willem
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Ne pas oublier les eaux florales et autres hydrolats qui possèdent des molécules complémentaires aux HÉ et se boivent et s’utilisent plus facilement car moins concentrées…