
Si ces témoignages montrent la force et la diversité des parcours, ils illustrent aussi une réalité commune : celle d’un changement profond, parfois silencieux, qu’il faut parfois accepter et apprendre à apprivoiser. Après avoir exploré leurs expériences dans la première partie de cet article, il est temps de partager ma propre histoire, celle d’une transformation personnelle qui a permis de redessiner un avenir plus équilibré, plus en harmonie avec mes valeurs. Parce que derrière chaque parcours, il y a aussi notre propre chemin à tracer, à notre manière.
C’est un changement qui ne se limite pas au corps ou aux habitudes : il te réécrit intérieurement. Chaque jour, tu te réveilles avec une nouvelle force, même quand la nuit t'a laissée épuisée et un peu effrayée.
Quand tu es seule, tout pèse deux fois plus. Pas parce que tu es moins capable, mais parce que tu dois être tout : la caresse du matin, le baiser du soir, le pain sur la table, le câlin qui réconforte, la voix qui guide.
En 2020, je suis devenue maman. Un immense cadeau, un amour sans mesure. Et pourtant, pendant longtemps, j'ai eu l'impression de ne pas être vraiment là.
Je travaillais dans la restauration depuis 14 ans, avec des horaires coupés, interminables, loin de la vie que je souhaitais pour moi et ma fille. Je partais de chez moi le matin et revenais tard dans la nuit, quand tout dormait, y compris elle. Son temps était rythmé par d'autres présences et je sentais que cette vie ne m'appartenait plus.
Je ne me sentais pas une mauvaise mère. Mais je me sentais éloignée. D'elle, de moi- même. Et c'est là que j'ai compris que je devais changer de chemin.
En 2023, j'ai entamé un parcours de croissance personnelle et professionnelle. Après douze ans loin des livres, j'ai décidé de retourner étudier, en m'inscrivant à un cours d'aide comptable.
La comptabilité n'était pas une passion dévorante. Avec les mathématiques, je l'avoue, cela n'a jamais été l'amour. Mais, je sentais que c'était le moyen d'arriver où je voulais : plus de temps pour ma fille, plus d'équilibre pour nous.
À ma grande surprise, j'ai découvert qu'il y avait un monde derrière ces chiffres qui me parlait aussi. La comptabilité n'est pas seulement du calcul : c'est de l'ordre, de la logique, de la vision. C'est la capacité de transformer le chaos en clarté. C'est de la responsabilité, de l'attention et une compréhension profonde des dynamiques organisationnelles.
Au cours de ma formation, j'ai appris à lire au-delà des chiffres. Chaque mouvement raconte une histoire, chaque ligne a un sens. Dans le silence des heures passées à étudier, entre les notes, les exercices et les tableaux, j'ai retrouvé ma capacité à recommencer, ma force à rester, ma détermination à transformer le désordre en équilibre.
Chaque examen était un défi, chaque jour un pas de plus vers le changement. J'ai pleuré, j'ai eu des moments d'anxiété, mais je n'ai jamais abandonné. Je le faisais pour nous.
En décembre 2024, j'ai obtenu mon diplôme, couronnant un parcours intense qui a marqué ma renaissance, intérieure et extérieure. Ce jour-là, je n'ai pas seulement reçu un titre : je me suis retrouvée. Dans les yeux de ma fille, j'ai vu la fierté. Et j'ai enfin senti que j'étais là.
Aujourd'hui, je fais un stage comme assistante comptable dans une entreprise. Chaque jour est une occasion de grandir : je mets à l'épreuve ce que j'ai appris, je construis des compétences avec patience et curiosité. Je collabore avec détermination, j'affine mon sens pratique et découvre la valeur de la précision, de la méthode, de la constance.
Ma quotidienneté a aussi changé. Le matin, j'accompagne ma fille à l'école, puis je vais au travail et, quand je finis, je vais la chercher à l'école. Si je dois rester plus longtemps au bureau, je sais que je peux compter sur des personnes de confiance pour aller la chercher à ma place. Ce n'est jamais simple, certes, mais avec amour, organisation et un bon réseau de soutien, tout est possible.
Quand je travaillais au restaurant, que j'étudiais et que j'étais aussi maman… les journées difficiles étaient pratiquement la norme. J'ai appris à tout imbriquer comme un puzzle : je finissais mes services tard le soir, je révisais pendant mes pauses ou après avoir endormi ma fille, et je courais d'un endroit à l'autre avec mille pensées en tête. Ce n'était pas facile, mais je n'étais pas seule. J'ai eu autour de moi des proches, des amis, qui ont cru en moi et m'ont aidée avec ma fille lors des moments les plus intenses.
Oui, j'ai ressenti de la culpabilité, plus souvent que je ne voudrais l'admettre. Je me suis sentie coupable d'avoir manqué une pièce de théâtre, d'être rentrée épuisée à la maison, de ne pas avoir préparé le dîner "comme il se doit" ou de ne pas être toujours présente à chaque instant de la vie de ma fille. Puis, avec le temps, j'ai compris une chose fondamentale : je ne choisis pas entre le travail et ma fille. Je choisis de construire un avenir stable et serein pour elle, pour lui offrir une vie meilleure. Et quand la culpabilité m'envahit, je m'arrête et je me rappelle que je le fais aussi pour elle. Alors, je me permets un câlin supplémentaire et un baiser de plus pour me rappeler que, même dans les moments difficiles, je fais de mon mieux.
La leçon la plus importante que j'ai apprise, c'est que ce n'est pas une question de "conciliation", mais de créer chaque jour un nouvel équilibre. Chaque journée apporte son lot de défis et il n'y a jamais de solution parfaite. J'ai appris que je peux être une mère présente et une professionnelle compétente, même si tout n'est pas toujours sous contrôle. La vraie force ne réside pas dans l'idée de tout faire parfaitement, mais dans le fait de ne jamais abandonner, de m'adapter et de continuer à croire qu'à travers les difficultés, chaque étape en vaut la peine. Pour moi, et pour ma fille.
Devenir comptable n'a pas été un petit pas. Mais il a eu du sens. Et puis, soyons honnêtes : les mamans ne sont-elles pas déjà comptables dans la vie quotidienne ? On calcule le temps, on équilibre les budgets familiaux, on résout les imprévus avec créativité et ténacité. C'est juste qu'aujourd'hui, je le fais aussi sur papier. Avec une nouvelle conscience.
À celles qui traversent une période de changement, à celles qui se sentent perdues ou accablées, je veux dire : vous n'êtes pas seules.
Peut-être que, comme moi, vous vous êtes réveillée un jour en réalisant que la vie que vous meniez ne vous représentait plus. Peut-être que vous vous êtes sentie déchirée entre ce que vous étiez et ce que vous aimeriez être. Mais c'est précisément là, dans ce point exact de fracture, que quelque chose de merveilleux peut commencer.
Le changement n'est jamais immédiat. Il nécessite du temps, de la patience, de la confiance. Mais il nécessite avant tout de l'amour pour soi. Cet amour que l'on donne souvent à tout le monde, sauf à nous-mêmes.
Il n'y a pas qu'un seul chemin juste. Il y a le vôtre. Et vous pouvez y arriver, un pas à la fois, même en trébuchant. L'essentiel est de ne pas oublier pourquoi vous avez commencé.
Je l'ai fait par amour. Par amour pour ma fille, mais aussi par amour pour moi-même. Parce que je savais que je méritais une vie différente, plus vraie, plus pleine. Et aujourd'hui, en me retournant, je sais que chaque effort a servi à construire quelque chose qui n'existait pas avant : une nouvelle moi.
Soyez indulgentes envers vos erreurs, soyez fières de vos petites victoires. Chaque journée vécue avec courage est un accomplissement. Et chaque accomplissement, aussi invisible aux yeux des autres, est un monument à votre force.
Être maman et construire une carrière n'est pas seulement possible : c'est une révolution quotidienne.
Et si aujourd'hui je suis capable de le faire avec le sourire, c'est aussi grâce à des femmes comme Tamar, Anaïs et Sarah, qui chaque jour m'inspirent, m'écoutent et m'encouragent.
Parce qu'il y a souvent, derrière chaque maman qui réussit, une autre femme qui lui a dit: "Tu peux le faire."
Continue ainsi. Pour toi. Pour ceux que tu aimes. Pour ceux qui, un jour, te regarderont et diront :
"Maman, merci. Je t'aime."
Crédit photo : Alessandra Grandinetti
Récemment diplômée en tant qu'aide-comptable. Motivée, studieuse, empathique, discrète, aimant la vie, je vise l'excellence pour fournir le meilleur de moi-même au service des autres.