À Genève, il y a trois endroits où le leader bolchévique, Vladimir Lénine, a laissé ses traces. Le premier, c’est « Karoujka », rue de Carouge 91-93. Les russes bolcheviques aimaient cet endroit, car il y avait un restaurant de 100 places qui appartenait à la famille de Lepechinskaïa. Dans la même maison à la Carouge se trouvait la typographie (l’imprimerie) des journaux bolcheviques : "Iskra ", " En avant " et " Ecole marxisme de Genève ". L'Iskra (étincelle) jouait un grand rôle, car comme l’a dit Lénine lui-même : "Un journal est l'arme essentielle pour nourrir une révolution".
À part ça, dans cette maison, il y avait la bibliothèque composée de littérature révolutionnaire. Durant la période de l'URSS, cette bibliothèque fut à la base de la fondation de l'institut de Marxisme-Léninisme.
Karoujka : un pied dans l’histoire russe
Je suis allé voir de mes propres yeux la maison de "Karoujka", située dans une rue bruyante. Devant cet immeuble, les trams et les voitures passent sans arrêt. Selon le bail, Lénine était nommé comme "littérateur", et payait 600 francs par année pour son logement. De nos jours, au rez-de-chaussée de cet immeuble, se trouvent une épicerie et un café portugais. Les gens boivent et bavardent. En silence, je regarde cette allée 91-93 et je pénètre dans l'histoire. Une de ses camarades émigrantes de Genève le décrit ainsi : "Un homme toujours mal habillé, plus petit que sa femme, le visage vérolé, bref pas une beauté, mais d'après la voisine en question un personnage amical qui s'intéressait à tout et à tous".
J'ai imaginé une personne exactement comme celle décrite dans la rue de Carouge. Ensuite, je me suis dirigé vers la Jonction où se trouve une deuxième maison où est suspendu une plaque, marquée "Vladimir Ilitch Oulianov, Lénine, Fondateur de l'Union soviétique, habita cette maison de 1904 à 1905".
Lénine : amateur de bière
La troisième adresse de Lénine se situait juste en face de l'université de Genève près du parc des Bastions, là où se trouve aujourd'hui un restaurant japonais "Takumi". A l'époque, il y avait une brasserie nommée "Landolt". À ce propos, Lénine était un grand amateur de bière. Le père de la révolution russe aurait d’ailleurs gravé son nom sur une table de la Brasserie Landolt.
Un de compatriote de Lénine, Bobrovskaia-Zélikson disait dans sa mémoire qu’en 1904, à la veille d nouvel an au Landolt, Lénine portait un toast et parlait de : "La grande tempête qui s'approche".
On a beau être le père du communisme, on n'en a pas moins un compte dans une banque bien capitaliste, l’Union de Banque Suisse ! En 1917, sa révolution tant attendue est sur le point de se réaliser en Russie et il décide de retourner au pays. Mais avant de quitter Genève, Lénine passe à la banque. Il vide son compte, exceptés 5 francs et 5 centimes, correspondant à sa contribution au parti. Cent ans plus tard, le compte existe toujours et les 5 francs et 5 centimes sont devenus 12 francs 90 centimes, grâce aux intérêts.
La petite Histoire est souvent plus intéressante que la grande Histoire, particulièrement dans ce cas, pour ceux qui ont vécu sous le régime soviétique.
Du même auteur :
Désalpe : le mystérieux son des cloches des vaches
Le sang des femmes
Photo credit : Zhenishbek Edigeev