Selon le site de la FSP : « Le métier de psychologue est exigeant et implique une grande responsabilité envers les personnes prises en charge. » Pour répondre à ce besoin de former des psychologues qualifiés, capables d’assurer des « prestations efficaces et adaptées », des diplômes postgrades sont proposés aux nouveaux psychologues. Parmi ceux-ci, deux sont obligatoires : en psychothérapie et en neuropsychologie. En effet, les professionnels qui se tournent vers ces métiers facturent leurs prestations via l’assurance de base et doivent correspondre à des standards de qualité semblables à ceux de la Confédération. Ceci étant dit, les formations postgrades ne sont pas systématiquement obligatoires. Dans cet article, nous allons passer en revue quelques champs d’applications possibles en lien avec la psychologie pour voir leurs spécificités.
La psychothérapie et ses différentes approches
- La psychanalyse
Commençons par le commencement. Dans les années 1890, un dénommé Sigmund Freud fonde une théorie psychologique, et non des moindres : la psychanalyse. Elle se veut une investigation et une explication des processus mentaux inconscients qui seraient à l’origine des désordres névrotiques. Naìt alors la première école théorique en psychothérapie qui, au bout d’un siècle d’analyses, de critiques, d’expérimentations et de découvertes en psychologie et dans d’autres champs connexes (neurosciences cliniques, sciences sociales, etc.), évolue pour répondre au mieux aux besoins de plus en plus grands en santé mentale.
En parallèle à cela se développent, dans la deuxième partie du 20ème siècle, deux autres théories : l’approche systémique et les thérapies cognitivo-comportementales. Bien qu’il existe plusieurs autres approches, celles-ci vont représenter, avec la psychanalyse, les trois plus grandes écoles psychothérapeutiques.
- L’approche systémique
L’approche systémique part du postulat que l’individu ne peut pas être détaché du « système » (contexte familial et social) dans lequel il évolue et que ce dernier doit être pris en compte lorsqu’on explore les difficultés psychologiques de chacun. C’est une approche particulièrement pertinente lorsqu’il s’agit d’explorer des problématiques liées au couple ou à la famille.
- Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC)
Les thérapies cognitivo-comportementales sont basées sur le postulat que les individus peuvent avoir une influence sur les pensées et les comportements négatifs qui les envahissent. Ainsi, plutôt que d’être focalisé sur le passé, elles se concentrent sur l’ici et maintenant en proposant de travailler et de remodeler les schémas de pensée qui mènent aux symptômes psychologiques, tels que dépression et anxiété.
Certains thérapeutes vont aussi puiser des techniques thérapeutiques dans les trois écoles et les combiner les unes avec les autres pour offrir une prise en charge intégrative.
Aujourd’hui, chaque psychologue qui souhaite se spécialiser en Suisse peut se former à l’une de ses trois approches grâce à des MAS (Master of advanced studies), qui permettent de développer les outils et les compétences spécifiques à chacune.
Neuropsychologie
La neuropsychologie est une autre discipline au carrefour des neurosciences, de la psychologie clinique, expérimentale et cognitive. Elle s’intéresse aux liens entre les fonctions psychologiques (pensées, comportements et émotions) et les structures cérébrales qui influencent ces fonctions.
Ainsi, les neuropsychologues sont des spécialistes dont le travail consiste à évaluer les fonctions psychologiques déficitaires suite à une atteinte cérébrale, dont les origines peuvent être diverses (Lésion cérébrale, épilepsie, maladie neurodégénérative, neurodéveloppementale, etc.), afin de proposer des thérapies de réhabilitation basées sur les capacités préservées de l’individu.
Comme pour la psychothérapie, il existe aussi un MAS pour se spécialiser en neuropsychologie, proposé par l’Université de Genève.
Comment marchent les diplômes post-grades ?
Que ce soit psychothérapeutes ou neuropsychologues, les deux doivent facturer leurs prestations via l’assurance de base et doivent donc témoigner d’une certaine expertise. Même si le diplôme universitaire est déjà en soi une bonne garantie, il vise avant tout des connaissances générales, qui demandent à être affinées par la suite pour des prestations optimales en clinique.
C’est ce que permettent de faire les MAS, qui sont des diplômes qui nécessitent finalement plus de pratique que de théorie. En effet, l’une des conditions d’entrées dans ces postgrades est justement de pouvoir attester d’un poste de travail ou d’un stage dans une structure qui propose des prestations psychologiques, généralement d’un taux de 80%, puisque les cours théoriques ont lieu une ou deux fois par mois les vendredis et samedis.
Pourtant, ces mêmes postes demandent la plupart du temps d’être déjà inscrit dans le MAS pour pouvoir y postuler. Les prétendants doivent donc plutôt passer par des stages avant de s’inscrire au MAS à proprement parlé. C’est là qu’on est en droit de se poser quelques questions : Comment cela se traduit-il concrètement sur le terrain pour postuler en tant que Psychologue ? Qu’est ce qui vient avant : le poste ou le MAS ? Et comment ne pas se retrouver bloqué par cette situation en apparence paradoxale ?
C’est à ces questions que nous répondrons dans le prochain article, grâce à des interviews de professionnels du milieu.
Et sans MAS, dans quels domaines un psychologue peut-il travailler ?
Pour les impatients qui ne désirent pas prolonger leurs études par un MAS, d’autres voies sont tout à fait envisageables dans des domaines connexes. Il est par exemple possible de se tourner vers le travail social, en tant qu’éducateur par exemple, car les connaissances et compétences en psychologie peuvent s’avérer tout à fait utiles dans ce domaine.
De la même façon, on peut aussi se tourner vers l’insertion socioprofessionnelle avec des profils spécifiques (personnes migrantes, personnes souffrantes de diverses affections psychologiques, etc.) ou dans le domaine de la psychologie du travail de manière plus générale (RH, développement de carrières, orientation professionnelle), qui demandent souvent d’avoir des compétences en passations et en interprétations de tests psychologiques, d’accompagnement et de soutien individuel, et bien d'autres en lien avec les études en psychologie. Il existe aussi un MAS (Psychologie du développement de carrière et des ressources humaines) pour approfondir ses compétences et la réflexion professionnelle autour de ce métier.
Evidemment, un diplôme en psychologie n’est pas le moyen le plus direct d’accéder à ces postes, mais donne des compétences tout à fait pertinentes et transversales dans certains cas. Nous pouvons donc là aussi nous poser quelques questions : Comment peut se faire le lien entre travail social et psychologie ? Quelles compétences ou connaissances faudrait-il en plus pour accéder à certains de ses postes et lesquelles sont transversales ? Qu’est-ce qui différencie un psychologue en cabinet d’un psychologue du travail spécialisé en insertion ou en orientation professionnelle ?
A nouveau, le prochain article permettra d’y répondre avec l’avis de vrais professionnels en la matière.
Article du même auteur : Psychologue : l’humain au service de l’humain
Crédit Photo : Cemile Bingol via iStock