Dans le domaine du social, il existe une multitude de professions : éducateur social, assistant social, assistant socio-éducatif ou socio-professionnel, etc. Accompagner une personne en situation de handicap ou en difficulté d’insertion professionnelle n’est pas donné à tout le monde. Il faut, selon l’Ecole supérieure Domaine social Valais, acquérir 142 compétences, qu’elles soient sociales, professionnelles ou personnelles. Ce métier n’est autre que maître socio-professionnel (MSP).
Maître socio-professionnel, une vocation ?
Pourquoi dire que ce n'est pas donné à tout le monde ? Pour moi, je considère ce métier comme une vocation. Ayant eu l'opportunité de collaborer avec la Fondation Ensemble, j'ai compris que chaque personne a des besoins différents. La personne qui encadre doit adapter le lieu, les outils et le temps de travail de la personne qu'elle a en face d'elle. Elle doit être observatrice, savoir analyser une situation et être à l'écoute. Et surtout, il faut avoir de la patience et comprendre les besoins de la personne en face de soi.
Dans ma carrière professionnelle, j'ai eu l'occasion d'encadrer une des personnes qui avaient intégré la fondation dans une tâche hebdomadaire. Tout comme pour mon équipe, j'ai dû lui fixer des objectifs, en mettant tout en œuvre pour qu'elle soit autonome. Je lui ai donné les informations et les outils nécessaires à cette tâche. Je l'ai supervisée, accompagnée et soutenue dans son travail. Certes, je ne pouvais pas être aussi exigeante que pour mon équipe. Mais je l'ai considérée comme en faisant partie. Je me suis simplement adaptée à elle et à ses capacités.
Les réactions des personnes l'entourant différaient. Certaines concordaient sur l'importance d'intégrer des personnes en situation de handicap, d'autres n'en comprenaient pas l'utilité. Pour moi, le simple fait de voir son sourire et son épanouissement dans son travail me comblait. Tout à fait intégrée, la personne s'ouvrait de plus en plus aux autres, prenait des initiatives et accomplissait un travail minutieux. C'est pour cette raison que le métier de maître socio-professionnel n'est pas donné à tout le monde.
Mission et profil d’un maître socio-professionnel
La mission d’un maître socio-professionnel (MSP) est d’aider à acquérir des capacités professionnelles qui favorisent l’épanouissement et l’autonomie de personnes en difficulté physique, psychique ou sociale. Grâce à divers gestes et activités professionnels appropriés, le MSP les prépare à intégrer le monde du travail, soit dans des ateliers adaptés, soit en entreprise. Ainsi, il leur fournit un cadre de travail adapté, un accompagnement technique et social, et une pédagogie adaptée à leur niveau.
La personnalité d’un maître socio-professionnel (MSP) est l’outil premier de sa fonction. Il doit être apte à accompagner, à transmettre ses connaissances et être capable de gérer des situations sociales complexes. Ce métier demande un désir d’aider les autres. Avoir une capacité d’analyse, d’écoute et de compréhension d’autrui est aussi nécessaire dans cette mission. De plus, il faut avoir des aptitudes pédagogiques, la capacité de redonner confiance en soi, le contact facile et être apte à travailler en équipe.
En quoi consistent ses principales activités ?
La première activité d’un MSP est d’évaluer, d'observer et de planifier des tâches. En effet, il observe et analyse les capacités de la personne qu’il a en face de lui. Ensuite, il lui fixe des objectifs précis en lui proposant un travail orienté vers davantage d'autonomie. Pour ce faire, il définit, de manière détaillée et structurée, le déroulement de sa prise en charge afin de lui redonner confiance et de l'aider à s'intégrer dans un groupe de travail. Le MSP crée ainsi une bonne ambiance de travail et développe une dynamique de groupe.
Gérer et contrôler les activités fait aussi partie du quotidien d’un MSP. C’est lui qui recherche de nouvelles activités, planifie leur exécution de A à Z et respecte les délais de production. Il doit aussi s'occuper de l'entretien des machines et du matériel.
Par la suite, il distribue les tâches en fonction des capacités de chacun, contrôle leur réalisation et corrige les erreurs. Il répond aux demandes des personnes handicapées ou inadaptées, en leur donnant des conseils et en les encourageant. Tout en tenant compte des rythmes personnels et des capacités individuelles, il vérifie la qualité et la quantité du travail afin de satisfaire aux exigences de la production ou de la formation.
De plus, tout un travail administratif et de coordination est mis en place. Le MSP est en charge de rechercher des stages ou des emplois pour réinsérer éventuellement ces personnes dans une activité professionnelle et dans la société. Il participe aussi à des colloques avec d'autres collègues, ou d'autres professionnels du secteur, tels que des ergothérapeutes, des enseignants ou des éducateurs sociaux. Ainsi, ils trouvent ensemble des solutions en fonction des situations rencontrées. Un MSP rédige, en plus, des rapports d’évaluation des personnes, pour observer leur progression d’insertion professionnelle.
Formation
La formation de maître socioprofessionnel s'acquiert dans une école supérieure. Elle alterne la pratique professionnelle accompagnée (ou les stages) et l’ enseignement. Il existe deux écoles supérieures en Suisse : l’Ecole supérieure ARPIH (Yverdon-les-Bains) et l’Ecole supérieure domaine social Valais (Sion). La durée de la formation varie selon la formation initiale entre 2 et 4 ans.
Les conditions d’admission pour les candidats porteurs des titres requis sont : être en possession d’un certificat fédéral de capacité d'assistant socio-éducatif ou d’un titre jugé équivalent, passer un examen d'admission et avoir plus de 18 ans. L’admission est aussi possible sur dossier pour les candidats de 22 ans révolus ne possédant pas les titres requis. Pour cela, ils doivent avoir : soit un CFC d'un autre domaine, soit une maturité gymnasiale ou spécialisée, soit un certificat de l'école de culture générale ou un autre titre jugé équivalent. De plus, la preuve d'une expérience pratique dans le domaine de l'éducation de l'enfance d'au moins 400 heures (800 heures pour les candidats avec un parcours purement scolaire) est exigée.
Après l’obtention du titre de maître socio-professionnel diplôme ES, les possibilités d’emploi sont assez variées. Que ce soit dans un domaine social, économique ou pédagogique, le diplôme obtenu permet de travailler auprès de toute personne en difficulté. Cela peut être en atelier d’occupation, d’évaluation, de production ; en centre pour personnes dépendantes ou détenues ; en structure pour personnes au chômage ou à l’aide sociale ; ou encore, en entreprise industrielles ou commerciales (suivi de personnes en réorientation ou réinsertion). De plus, le MSP peut envisager de suivre une formation de perfectionnement que soit en interne ou en formation spécialisée.
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Tu as su expliquer à merveille mon métier. L'essentiel dans ce métier, c'est vraiment d'aimer son travail. Bravo pour ton article.