
L’incubateur Essaim a été créé en 2009 par la Chambre de l’économie sociale et solidaire de Genève et la Ville de Genève. L’incubateur et son équipe accueillent, conseillent et accompagnent les entrepreneurs et les différentes structures de l’économie sociale et solidaire. M. Raphaël Guichon, responsable de l’incubateur, nous explique leur travail au quotidien.
Essaim se définit comme « un lieu où les porteurs de projets viennent pour tester et développer leurs projets, où le projet germe, se crée, se développe. Une fois qu’il est viable, il s’envole de ses propres ailes, » selon M. Guichon. On peut aussi définir un incubateur comme un accélérateur de projets.
La structure accueille les projets quel que soit leur stade : embryonnaire ou en phase de financement ou d’installation. Essaim accompagne également des entreprises en développement. Chaque année, environ une quarantaine de projets sont accompagnés.
L équipe Essaim : ceux qui accompagnent les créateurs d’entreprise
Au quotidien ce sont six conseillers en création, qui servent de « fil rouge » aux projets. Grâce à une boîte à outils très complète, ainsi qu’à leurs compétences et expériences de conseillers, ils permettent au projet de grandir et au porteur du projet de se responsabiliser et de devenir autonome. L’accompagnement se fera autant au niveau des aspects techniques que des valeurs.
Essaim et la Chambre de l’économie sociale et solidaire se différencient de l’économie dite « classique » par l’importance accordée aux valeurs telles que le respect de l’environnement, replacer l’humain au centre du travail et le prendre en considération dans la gestion globale de l’entreprise, la recherche du bénéfice mais pas pour l’enrchissement personnel du propriétaire de l’entreprise, favoriser le commerce de proximité ou une certaine éthique. Autrement dit, une économie où la recherche de rentabilité n’est pas la seule et unique valeur de l’entreprise.
Concrètement, en quoi consiste l’accompagnement ?
Le processus commence avec une séance d’information collective qui présente l’incubateur, ses activités et ses prestations. Ces réunions ont lieu tout les mois. La prochaine est le huit décembre à midi.
Si le porteur de projet souhaite débuter un accompagnement, il peut prendre rendez-vous pour réaliser un premier entretien-diagnostic avec un conseiller. Ce rendez-vous permet de faire le point, de regarder à quelle étape se trouve la projet et quels sont les besoins de la personne. C’est également l’occasion de vérifier si le projet correspond aux « activités type » accompagnées par Essaim, et s’il est susceptible de trouver une réponse au sein de l’incubateur. La validation de la cohérence entre le projet et son porteur reste la pricipale des étapes a ce stade.
« L’activité type » n’est pas une liste d’activités ou secteurs coulée dans le marbre. Un cabinet de détective privé ou une crèche sont des exemples d’entreprises accompagnées par Essaim. Selon Raphaël, il n’y a «pas de mauvais projet ESS (Economie Sociale et Solidaire), comme il n’y a pas de mauvais projets de création d’entreprise en général. L’important c’est finalement l’adéquation entre le porteur et son projet. La dimension ESS va se concentrer sur la plus-value sociétale que va apporter le projet et sur les motivations profondes du créateur. Pour donner un exemple caricatural, si vous fabriquez des armes ou des produits pharmaceutiques, vous ne correspondez pas aux valeurs que défend l’ESS, comme l’économie de la durabilité ». Ce qui est important, c’est que l’entrepreneur ait, dès le départ, une volonté de s’inscrire dans les valeurs que promeut la Chambre.
Par la suite, la phase d’accompagnement sera adaptée aux besoins et problématiques rencontrées par chaque projet. Pendant cette période de maturation, il y aura principalement des phases d’accompagnement en rendez-vous individuels avec le conseiller, mais aussi des phases collectives. Une fois par mois, les porteurs de projets et les membres de la Chambre peuvent participer à des ateliers et formations. Les sujets abordés sont variés et techniques, par exemple, les réseaux sociaux , la comptabilité ou encore le marketing. Cette année, la communication et la façon de se présenter ont été très souvent abordés. Notamment, ces techniques renvoient à l’élevator pitch.
Plus récemment des « journées de coworking » ainsi que des moments d’échanges avec des « mentors » bénévoles ont été mises en place. Les mentors viennent de différents horizons et aident les porteurs de projet en apportant une vision extérieure, le tout sans avoir besoin de « prendre des gants ».
Lors des « journées de coworking » les porteurs de projets sont hébergés à l’incubateur. C’est l’occasion de fixer des objectifs qui permettront de résoudre des problèmes bloquants dans l’évolution du projet. C’est également l’occasion pour eux de rencontrer d’autres entrepreneurs et d’échanger sur des problématiques communes que chaque entrepreneur peut rencontrer.
Une fois le projet abouti et prêt à être lancé, le porteur du projet a deux possibilités. Il peut soit créer sa propre entreprise, soit intégrer l’entreprise collective partagée (ECP) d’Essaim.
Monsieur Guichon définit l’ECP et son statut d’Entrepreneur Salarié comme « un statut hybride entre indépendant et salarié ». L’entrepreneur salarié est autonome dans la définition de sa stratégie, sa prospection, ses actions marketing ou toute autre action lui permettant d’exercer son activité, tout comme il est responsable de la réalisation des prestations qu’il vend. La différence avec un entrepreneur « classique » réside dans son statut juridique car il bénéficie de la sécurité qu’offre un statut de « salarié ». Ce statut est défini au sein de l’ECP crée par la Chambre de l’ESS., et cette innovation socio-économique est unique en Suisse.
Un bon conseiller en création d’entreprise, c’est…
C’est avant tout un bon généraliste, avec un sens de l’analyse poussé. Il a les connaissances techniques et organisationnelles nécessaires pour maîtriser des outils comme le business plan, appliquer les méthodes de gestion de projets et comprendre les différents statuts juridiques possibles des sociétés –sans pour autant être expert dans un de ces domaines. Il doit pouvoir répondre à la plupart des questions que se pose le créateur. Si la question requiert une compétence spécifique, le conseiller doit également pouvoir l’orienter au bon endroit.
Chaque conseiller doit également posséder une certaine sensibilité, avoir un côté humain et empathique pour pouvoir comprendre la personne. Il doit cependant demeurer analytique et rigoureux pour être capable d’appréhender les aspects plus techniques et froid du projet, comme les finances et les aspects juridiques.
Une très bonne connaissance de l’environnement économique et des structures avec un réseau pour pouvoir conseiller et orienter au mieux est également indispensable. Bien entendu, une expérience dans des types d’entreprises variées et dans l’accompagnement de différents projets sera un grand atout.
Une des conclusions possibles selon Raphaël, c’est que le rôle du conseiller est « de donner un point de départ au porteur de projet et de l’orienter au bon endroit au bon moment ».
Souce :
Interview de Raphaël GUICHON
http://www.apres-ge.ch/
http://www.essaim.ch/
Crédit photo : Cécile ENJOLRAS