
En Suisse, une grande majorité des personnes reconnues comme réfugiées s’installent durablement. Selon le Secrétariat d’État aux migrations (SEM), environ 86 % d’entre elles restent en Suisse à long terme, et une part significative acquiert la nationalité suisse.
Cela en fait des membres à part entière de notre société et donc des candidats pertinents pour le marché du travail local.
Les personnes réfugiées arrivent souvent avec un bagage professionnel solide. Elles ont exercé des métiers qualifiés dans leur pays d’origine – dans le bâtiment, la santé, la restauration, l’informatique ou encore les soins à la personne – et beaucoup d’entre elles sont multilingues, un atout précieux dans un pays aussi diversifié linguistiquement que la Suisse. Par ailleurs, certains secteurs souffrent de pénurie de main-d’œuvre, comme l’hôtellerie-restauration, la logistique, l’agriculture ou les soins, ce qui ouvre une porte concrète à leur insertion.
Cependant, ces compétences sont parfois mal reconnues ou non certifiées selon les standards suisses. C’est pourquoi la validation des acquis de l’expérience (VAE) et la reconnaissance des diplômes étrangers jouent un rôle essentiel.
L’un des principaux défis à l’insertion professionnelle des réfugiés reste la maîtrise des langues nationales. Même si beaucoup d’entre eux parlent plusieurs langues (souvent l’anglais, l’arabe, le russe ou autres), l’insuffisance de connaissances en français, en allemand ou en italien peut limiter l’accès à certains postes ou nuire à l’intégration au sein des équipes. Des programmes cantonaux de formation linguistique existent, mais leur efficacité varie d’un canton à l’autre.
En outre, les employeurs peuvent rencontrer des incertitudes administratives ou nourrir des préjugés. Des obstacles structurels comme la non-reconnaissance des diplômes, l'absence de réseau professionnel ou des traumatismes non traités (liés à l’exil) peuvent également freiner la recherche d’emploi.
Le canton de Genève met en œuvre une politique d’intégration active, structurée autour de plusieurs axes, conformément à la Loi sur l'intégration des étrangers et la prévention du racisme (LIEPR) ainsi qu'au cadre fédéral de la Politique d’intégration suisse.
Depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle Loi sur l'aide sociale et la lutte contre la pauvreté (LASLP) en janvier 2025, le canton a renforcé les mesures d’accompagnement social. L’ASI permet aux personnes migrantes d’être suivies de manière personnalisée par un professionnel qui les oriente vers l’emploi, la formation ou d’autres services nécessaires.
Le canton finance et coordonne plusieurs dispositifs comme :
Les Bureaux d’intégration des étrangers (BIE), gérés avec les communes, offrent des services de première information, d’orientation et d’accompagnement pour les nouveaux arrivants, notamment via le dispositif « bienvenu ».
Genève finance des projets d’associations qui promeuvent la participation sociale, culturelle et citoyenne des personnes migrantes, comme des ateliers, des événements interculturels ou des projets de mentorat.
Le Bureau de l'intégration et de la citoyenneté (BIC) met également en œuvre des campagnes de sensibilisation et soutient les victimes de discrimination raciale ou structurelle, dans le but de créer un cadre inclusif et équitable.
L’emploi joue un rôle clé dans l’intégration sociale, économique et culturelle. Il renforce la cohésion de la société et diminue la dépendance à l’aide sociale. Engager une personne réfugiée, c’est faire un choix responsable et gagnant, à la fois pour l’entreprise et pour la collectivité.
Pour mieux comprendre ces enjeux, nous irons à la rencontre d’acteurs de terrain, analyserons des initiatives concrètes et donnerons la parole aux personnes concernées, dans nos prochains articles.
Sources :
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Juriste géorgienne diplômée d’un master en droit et basée à Genève, je poursuis actuellement une spécialisation en droit d’asile à l’Université de Fribourg. Je m’investis dans l’intégration professionnelle des personnes réfugiées en Suisse. Engagée dans des programmes académiques et associatifs, j’œuvre pour sensibiliser les employeurs aux compétences de ces personnes qualifiées. Mon parcours allie engagement, expertise juridique et volonté de faciliter une intégration réussie pour tous.