Nous avons eu l’opportunité de rencontrer Serhii Andrusenko, un linguiste, pédagogue et chercheur ukrainien qui vit et travaille en Suisse depuis plus de dix ans. Il sait, pour l’avoir vécu, ce que signifie recommencer à zéro dans un nouvel environnement linguistique, affronter les barrières de communication et s’adapter sans perdre son identité.
Quand Serhii est arrivé en Suisse, il n’était pas débutant en langues. Il parlait déjà l’ukrainien, le russe, l’anglais et le français. Il avait derrière lui des années d’enseignement, de diplômes, de conférences. Mais tout a changé, lorsqu’il s’est retrouvé hors de la salle de classe : dans une pharmacie, à une réunion scolaire, ou chez le médecin.
« Je n’avais pas le temps de penser à la conjugaison. Il fallait comprendre et se faire comprendre, tout de suite. Sans mémorisation. Sans préparation », se souvient-il.
Cette expérience a transformé sa vision de l’apprentissage des langues. C’est ainsi qu’est née andrusenko.pro, non pas comme un simple cours, mais comme un système vivant : adaptatif, flexible, ancré dans la réalité. Aujourd’hui, son académie aide les professionnels dans toute la Suisse, non seulement à apprendre le français, l’anglais ou l’allemand, mais surtout à les parler, que ce soit au travail, lors de rendez-vous, ou encore dans la vie quotidienne.
« Nous n’enseignons pas simplement la langue. Nous rééduquons les circuits de la parole dans le cerveau, pour qu’il commence à prendre des décisions dans la nouvelle langue, de lui-même », explique Serhii.
Au cœur de sa méthode se trouvent la reprogrammation neurolinguistique, la motricité verbale, les ancrages émotionnels et les simulations de situations réelles. Chaque séance est une mini séance d’entraînement pour le cerveau. Et l’enseignant n’est pas un simple transmetteur de savoirs — c’est un modérateur, un guide, un interprète de signaux faibles.
Serhii n’a pas commencé par une formule, mais par une question : pourquoi tant de gens apprennent une langue pendant des années, et n’arrivent toujours pas à parler, malgré toutes les applis, les cours et les intensifs disponibles ?
La réponse est plus profonde qu’il n’y paraît. Elle se trouve dans la neurophysiologie, la surcharge cognitive et les blocages émotionnels, particulièrement présents chez les adultes et les migrants. Serhii a compris que la langue ne doit pas seulement être « enseignée », mais réactivée dans le cerveau comme une capacité à agir.
« Nous n’enseignons pas des phrases, nous aidons les gens à ne plus avoir peur de parler. C’est toute la différence. »
Cette vision a donné naissance à la méthode NeuroÉlan, centrée sur l’activation orale, l’ancrage émotionnel et les pratiques en situation, sans apprentissage par cœur. Dès la première séance, les étudiants commencent à parler, non pas avec des dialogues préfabriqués, mais sur leur propre vie.
Plus de 2 000 étudiants ont suivi une formation avec cette méthode — des professionnels de tous horizons : humanitaires, techniques, personnel d’ONG, soignants, enseignants, parents, nouveaux arrivants d’Ukraine sous statut S, ainsi que des résidents suisses souhaitant progresser en langue pour leur carrière.
La méthode n’est pas seulement appliquée sur le terrain — elle fait aussi l’objet de la thèse DBA/PhD de Serhii à la Swiss School of Business and Management Geneva (SSBM), sous supervision académique de la Bern University of Applied Sciences. L’académie est également membre associé de l’ALTE (Association of Language Testers in Europe). Les certificats remis sont alignés avec les standards CEFR, et incluent un suivi oral ainsi qu’un profil neurocognitif du progrès de l’élève.
« L’IA est une bibliothèque. L’enseignant est une énergie. »
L’académie adopte un modèle EdTech hybride centré sur l’humain, où l’intelligence artificielle ne remplace pas l’enseignant — elle l’amplifie.
Un assistant IA aide à sélectionner les supports pédagogiques, suivre la progression, adapter le rythme et le contenu.
L’enseignant reste au centre, modérant la pensée, interprétant les signaux faibles, motivant et guidant l’élève.
Ce modèle permet aux professionnels, parents ou personnes nouvellement arrivées d’apprendre une langue sans surcharge cognitive, en ligne, à des horaires flexibles, avec un suivi personnalisé et des résultats tangibles à l’oral.
Depuis le début de la guerre, l’académie a développé des parcours dédiés aux personnes avec le statut de protection S, confrontées à des défis particuliers : adaptation, expression, barrières émotionnelles.
« Je viens d’Ukraine. Je sais ce que c’est de perdre ses repères, de repartir de zéro, d’entendre constamment : "Votre diplôme ne vaut rien ici. Votre langue n’est pas comprise." C’est pour cela que j’ai créé ces parcours : pour redonner une voix aux gens. »
Les modules personnalisés en français et en allemand (niveaux A1–B2) incluent des conditions de paiement souples, une aide à l’orientation professionnelle, une préparation aux examens et un accompagnement pour l’intégration dans le monde du travail.
Serhii prépare un nouveau cours gratuit :
« Neurohacking de l’apprentissage des langues à l’ère de l’IA »,
conçu pour les adultes souhaitant comprendre le fonctionnement réel de la mémoire, de la concentration et de la motivation en situation de stress.
À l’automne, une nouvelle formation phare sera lancée :
« Français, anglais et allemand pour les professionnels », à la croisée de la neurolinguistique, de l’intelligence artificielle et de la pratique en conditions réelles, avec une certification alignée sur le CEFR.
« Une langue n’est pas juste une compétence. C’est une participation. C’est un accès. C’est la façon d’exister dans la société. Et plus vite vous commencez à parler, plus vite vous redevenez vous-même. »
Instagram : @sergey.andrusenko
Site web : andrusenko.pro
Inscrivez-vous ici : https://forms.gle/x4AoxzzjfoajxPsz9
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Crédit photo : @ Serhii Andrusenko
Nataliia Kutselepa is a marketing strategist with over 15 years of experience in international companies.
