
Dans le précédent article, nous avons exploré les émotions et constaté qu’elles jouaient un rôle essentiel dans notre rapport au monde. Il arrive malheureusement que certaines d’entre elles nous submergent à tel point que nous ne pouvons plus réfléchir ni faire appel à notre intelligence.
Nous nous sommes intéressés à notre cerveau, et plus précisément à ses deux hémisphères. Sachant que l’un est plutôt analytique et l’autre davantage émotionnel, nous nous sommes demandés comment faire pour éviter que l’un empiète sur l’autre. Autrement dit, comment faire quand qu’une émotion désagréable comme la peur nous prive de capacités telles que la mémoire, la réflexion et l’analyse ?
Cette peur qui nous étreint au moment de prendre la parole dans le contexte particulier qu’est l’entretien d’embauche a un nom : le trac. Quatre petites lettres de rien du tout pour décrire une envie de fuir, d’en finir le plus vite possible, l’impression presque insupportable que nous sommes à la merci de notre interlocuteur. Il y a un enjeu dans cet entretien et c’est probablement la principale raison pour laquelle nous le redoutons autant.
Et pourtant, cet entretien est en soi déjà une victoire. La lettre de motivation et le curriculum vitae que nous avons soigneusement rédigés ont atteint leur but : nous avons décroché l’entretien. Le test écrit, nous l’avons réussi. Nous sommes maintenant en train de passer l’oral. Et pour nombre d’entre nous, l’oral a toujours été, depuis l’enfance, un moment plutôt inconfortable, voire carrément traumatisant.
Voyons à présent comment procéder pour empêcher le trac de nous paralyser.
La gestion du trac commence en amont, plusieurs jours avant l’entretien. Voici quelques éléments qui vous aideront à mieux aborder ce moment.
Bien vous préparer à l’entretien ne vous évitera pas de ressentir une émotion désagréable. En revanche, elle vous permettra d’anticiper certains aspects – comme le moment où votre interlocuteur vous demandera de parler de vous. En préparant plusieurs récits STAR, en vous les appropriant, vous pourrez choisir celui qui vous semble le plus adéquat. Dites-les à des amis, à vos proches, enregistrez-vous, répétez-les jusqu’à ce qu’ils vous viennent naturellement – comme une bonne blague que vous aimez raconter.
Une meilleure connaissance de soi contribue à mieux gérer le trac. En effet, si vous savez comment vous réagissez physiquement au stress, vous pourrez mieux pallier à ces symptômes et peut-être même réussir à les faire disparaître. Pour cela, il est important de bien s’observer et de se montrer bienveillant envers soi-même. Ne vous fustigez pas parce que vous avez peur ou que vous êtes stressé ! Agissez envers vous-même comme vous le feriez pour un ami.
Revenir au corps est un bon moyen de gérer le trac. Souvenez-vous : quand nous avons le trac et que nous sommes stressés, notre cerveau a tendance à tourner à vide. Le fait de se concentrer sur le corps fournit à notre esprit un point d’ancrage, ce qui lui permet de se calmer. Un peu comme une boule à neige qu’on arrête de secouer et que l’on pose. Le tourbillon des paillettes ralentit, s’apaise et finit par cesser. Les paillettes retombent et on peut contempler la figurine qui trône au milieu de la boule à neige.
Comme vous serez sans doute assis lors de l’entretien, prenez un moment pour sentir les points de contact entre votre corps et le siège, vos pieds et le sol. En procédant ainsi, vous donnerez à votre esprit un point d’ancrage, ce qui lui permettra de se poser – comme les paillettes de la boule à neige – et de retrouver sa lucidité.
Ralentir la respiration peut également vous aider. Peut-être le savez-vous déjà : le rythme cardiaque influe celui de la respiration et vice-versa. En respirant plus lentement et plus profondément par le nez, vous apaiserez un peu votre cœur. Une fois encore, le fait de se concentrer sur un phénomène physique, la respiration en l’occurrence, aidera votre mental à s’apaiser.
Votre attitude générale sera la première chose que votre interlocuteur remarquera. Un sourire discret fera toujours meilleure impression qu’un visage fermé ou marqué par l’inquiétude. Si vous êtes de ceux qui ont l’impression que le monde du travail est un environnement éminemment hostile, faites vôtre cette petite phrase : « Sourire est la manière la plus élégante de montrer les dents à l’adversaire. »
Sachez cependant que le simple fait de sourire modifie quelque chose dans votre perception et dans celle de votre interlocuteur. Le sourire est l’un des premiers moyens de communication entre l’enfant et sa mère. Il invite au dialogue, à l’échange – et c’est précisément la raison pour laquelle vous avez un entretien. À la lecture de votre lettre et de votre curriculum vitae, votre interlocuteur a eu envie de vous rencontrer en personne. Ce que vous lui avez déjà communiqué par écrit l’a intéressé. Il veut vous voir « en vrai » pour voir si l’image qu’il s’est faite de vous correspond à la réalité.
Cela vous met encore plus de pression ? Vous avez envie d’être à votre avantage ? Le trac peut aussi donner des ailes, sans colorants et sans additifs !
Ouvrez-vous : dos droit, épaules loin des oreilles, buste dégagé pour bien respirer. Prenez conscience de votre corps et de la place qu’il occupe dans l’espace ; notez les détails dans la pièce où vous vous trouvez ; soyez attentif à la personne qui se trouve en face de vous et souriez-lui. Exprimez – sans excès – le plaisir que vous avez de la rencontrer. Regardez ses yeux – de quelle couleur sont-ils ? Ecoutez sa voix – comment la trouvez-vous ? Donnez à votre esprit de quoi s’ancrer pour entrer dans le moment présent.
Pensez-y : la personne en face de vous est un être humain, comme vous. Comme vous, elle est déjà passée par ce genre d’épreuve. L’entretien d’embauche est un dialogue, une rencontre entre deux personnes qui pourraient fort bien collaborer.
C’est le moment de briller, non seulement par ce que vous direz mais aussi par tout ce qui est au-delà des mots : votre présence, votre sourire, votre attitude.
Et quand le moment sera venu, vous pourrez raconter l’une de vos STAR – et il est probable que vous en retirerez une grande satisfaction.
Dans le même série : Parler de soi avec la méthode STAR
1. STAR pour faire briller ses compétences
3. Raconter une STAR sans l’apprendre par cœur
4. Les émotions, le cerveau et la STAR
Titulaire d’un master en Lettres, j’ai enseigné l’allemand et le français dans de nombreux établissements de l’école secondaire genevoise. En tant qu’enseignante, j’ai développé de nombreuses compétences telles que l’aisance à prendre la parole en public, le plaisir de partager le savoir, la capacité à aider les autres à apprendre. Passionnée par toutes les mythologies du monde, je m’intéresse aux récits qui parlent de l’être humain, de ses interrogations et de ses aspirations. J’aime tant les histoires que je suis devenue écrivaine et conteuse. En tant que rédactrice, j’utilise mes compétences rédactionnelles pour partager – encore – des informations, une réflexion ou des rencontres.