
Dans les précédents articles, nous avons vu comment composer un récit qui mette en valeur nos qualités et nos compétences avec la méthode STAR. Nous avons également abordé la question de la mémorisation de ce récit. Nous avons vu que la méthode STAR se prêtait bien à la schématisation par le dessin – une technique inspirée des conteurs et conteuses. Cette technique privilégie la structure du récit, squelette que l’expérience et les souvenirs vont mettre en chair. Ainsi, nul besoin d’encombrer notre mémoire de mots : nous pouvons faire appel aux images pour les retrouver.
Nous voilà donc prêts à partager ce récit avec un ou plusieurs interlocuteurs !
Vraiment ?
Eh non… Nous appréhendons probablement le moment où nous devrons traduire en paroles ailées – comme on dit dans les récits de la Grèce antique – ce contenu que nous avons créé, structuré, dessiné et répété, seul devant un miroir ou en présence d’une personne de confiance.
Que se passera-t-il quand le trac montera, que nos mains deviendront moites, que notre cœur accélèrera et que notre gorge deviendra sèche ?
Ces symptômes physiques sont la traduction des émotions qui nous traversent au moment de prendre la parole en public.
Afin de mieux gérer nos émotions, il est utile de s’assurer que nous savons les reconnaître et que nous comprenons leur rôle. Selon un adage populaire, on ne maîtrise bien que ce que l’on connaît bien. Alors prenons un moment pour regarder d’un peu plus près ces émotions.
Le nombre des émotions de base varie selon les études. On en retient généralement six : la joie, la surprise, la peur, la colère, le dégoût et la tristesse. On a observé que les émotions se traduisent dans le corps et qu’elles ont toutes une utilité. Si le sujet vous intéresse, vous pouvez en apprendre plus ici. En effet, nos émotions sont un message que notre cerveau nous délivre pour que nous comblions un besoin. Malheureusement, nous sommes souvent tellement submergés par l’émotion que nous ne comprenons pas ce message. Pour avoir un aperçu clair, concis et amusant sur le sujet, vous pouvez
regarder l’épisode Les émotions de la web-série Et tout le monde s’en fout.
Notre cerveau est constitué de deux hémisphères. De manière très schématique, notre hémisphère gauche est plutôt analytique et le droit plutôt émotionnel. En général, nos deux hémisphères collaborent et ce n’est que lorsqu’une émotion vive nous saisit que cette belle collaboration périclite. Nous ne pouvons plus réfléchir correctement et nous avons l’impression que tout nous échappe. Et comme nous en avons conscience, la peur s’installe et grandit.
Comment faire pour éviter cette montée en puissance de la peur et remettre nos deux hémisphères d’accord ?
Avant de parler de quelques « trucs » pour y arriver, il est nécessaire de reconnaître l’émotion, de ne pas chercher à la réprimer, car l’effet cocotte-minute risque de nous rendre encore plus vulnérables.
Une première chose à faire est de nommer l’émotion : « J’ai peur. » Ensuite, voyons comment cette émotion se traduit physiologiquement : gorge qui s’assèche, mains moites, cœur qui bat la chamade, respiration rapide, genoux qui flanchent, etc.
Chercher à reconnaître ces symptômes en les situant précisément dans notre corps nous permet de remettre notre « cerveau analytique » en marche : nous devenons observateurs de ce qui nous arrive, et cela nous permet de prendre un peu de distance avec ce qui est en train de se passer.
Nous découvrons alors une chose essentielle : nous ne sommes pas l’émotion. Si nous pouvons l’observer – l’analyser –, nous pouvons la comprendre et envisager des actions pour mieux la gérer. Notre hémisphère gauche peut recommencer à fonctionner !
Dans le prochain article, nous verrons comment gérer cette peur qui nous étreint quand nous devons parler dans un contexte bien particulier, celui de l’entretien d’embauche.
D’ici là, prenez soin de vos deux hémisphères, répétez vos STAR en vous aidant de leur schéma et souriez ! Nous vous expliquerons pourquoi la semaine prochaine.
Dans le même série : Parler de soi avec la méthode STAR
1. STAR pour faire briller ses compétences
3. Raconter une STAR sans l’apprendre par cœur
Crédit photo : DrAfter123 via iStock
Titulaire d’un master en Lettres, j’ai enseigné l’allemand et le français dans de nombreux établissements de l’école secondaire genevoise. En tant qu’enseignante, j’ai développé de nombreuses compétences telles que l’aisance à prendre la parole en public, le plaisir de partager le savoir, la capacité à aider les autres à apprendre. Passionnée par toutes les mythologies du monde, je m’intéresse aux récits qui parlent de l’être humain, de ses interrogations et de ses aspirations. J’aime tant les histoires que je suis devenue écrivaine et conteuse. En tant que rédactrice, j’utilise mes compétences rédactionnelles pour partager – encore – des informations, une réflexion ou des rencontres.