
Crédit photo @Nicolas Dupraz
Un historien engagé au service de l’éducation
Historien et journaliste de formation, Stéphane Garcia enseigne depuis une vingtaine d’années au Département de l'instruction publique (DIP) genevois. Depuis dix ans, il est chargé par la direction générale du Secondaire II de développer le programme « Genève Débat », une initiative ambitieuse destinée à ancrer la culture du débat dans les écoles du canton.
Genève Débat : un projet citoyen pour les jeunes
Créée pour diffuser la culture du débat contradictoire auprès de la jeunesse genevoise, l’association Genève Débat intervient directement dans les classes pour initier les élèves aux bonnes pratiques de l’échange d’idées. Au-delà des formations, elle organise plusieurs événements phares tout au long de l’année :
Grâce à ces dispositifs, plus de 5000 jeunes sont sensibilisés chaque année à l’art du débat dans le canton.
Une méthode importée d’Allemagne
L’origine de Genève Débat remonte à 2014, lorsque la fondation Dialogue / Campus pour la démocratie propose d’adapter au contexte genevois la méthode allemande « La jeunesse débat ». Le DIP décide alors de confier le développement de ce programme à Stéphane Garcia, qui en fait un outil pédagogique à part entière dans le Secondaire II.
Pourquoi apprendre à débattre à l’école ?
Stéphane Garcia - Crédit photo @Karine Bauzin
Selon Stéphane Garcia, apprendre à débattre ne se résume pas à parler en public. Cela permet également aux élèves :
Une méthode de débat rigoureuse donne leur place aux plus timides, tout en démontrant que les effets de manche ne valent pas une solide préparation.
Mais les enjeux dépassent le cadre scolaire. À l’heure des réseaux sociaux et des bulles de confirmation, le débat devient une compétence civique. Il permet de développer l’esprit critique, de comprendre les techniques de persuasion et d’éduquer les jeunes à une communication fondée sur la raison plutôt que sur l’émotion.
Une pédagogie par les pairs
Les interventions dans les classes reposent sur un modèle original : des étudiants de 20 à 25 ans formés par l’association animent les ateliers en binôme. Environ 350 enseignants ont fait appel à Genève Débat en huit ans. Les modules, d’une durée de deux fois 90 minutes, permettent une initiation à la méthode, à la recherche d’arguments et à la prise de parole. Un module d’approfondissement complète la formation en abordant les questions de posture, de rhétorique et de voix.
Le format est simple et efficace : deux débatteurs pour, deux contre, des tours de parole encadrés par un « maître du temps », et un débat central libre. Aucun modérateur n’est nécessaire.
Le débat : une école de la confiance
Au fil des années, Stéphane Garcia a vu de nombreux élèves se transformer. « Le débat est à l’oralité ce que le décathlon est à l’athlétisme », explique-t-il. Au-delà des compétences oratoires, les jeunes gagnent en assurance, en maturité intellectuelle, et prennent goût à l’échange argumenté. Suite à de véritables déclics personnels, certains élèves jusque-là discrets se sont révélés sur scène.
Pour une culture démocratique du dialogue
Son vœu pour les jeunes ? « Pour le présent, tout d'abord : qu'ils prennent conscience de l'intérêt du débat, de leurs capacités,[…]. Pour l'avenir : qu'ils pratiquent et pratiquent encore, à chaque occasion qui leur sera donnée, et qu'ils défendent leur opinion tout en écoutant bien celle des autres. Et enfin qu'ils formulent une exigence envers eux-mêmes comme envers les autres : c'est toujours la raison […] qui doit avoir le dernier mot dans une société démocratique. »
Vers de nouveaux horizons
Pour renforcer les compétences en prise de parole en public, Genève Débat a également lancé une formation au discours en partenariat avec ForPro, avec l’ambition de la proposer dès septembre dans le Secondaire II.
Soutenu par le DIP, plusieurs communes et fondations privées, le projet bénéficie d’un environnement propice à son développement. Une dynamique précieuse, que ses initiateurs espèrent faire durer encore longtemps.
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Crédit photo : @Nicolas Dupraz; @Karine Bauzin
Titulaire d’un master en Lettres, j’ai enseigné l’allemand et le français dans de nombreux établissements de l’école secondaire genevoise. En tant qu’enseignante, j’ai développé de nombreuses compétences telles que l’aisance à prendre la parole en public, le plaisir de partager le savoir, la capacité à aider les autres à apprendre. Passionnée par toutes les mythologies du monde, je m’intéresse aux récits qui parlent de l’être humain, de ses interrogations et de ses aspirations. J’aime tant les histoires que je suis devenue écrivaine et conteuse. En tant que rédactrice, j’utilise mes compétences rédactionnelles pour partager – encore – des informations, une réflexion ou des rencontres.